Ménestrel, ménestrelle

Ancien nom français des deux genres, avec parfois le pluriel menestreux. Nom désignant au moyen âge, toute espèce de musicien, les chanteurs étant appelés « Ménestrel de bouche », les joueurs d’instruments militaires « Ménestrels de guerre », etc. Depuis le XIVème siècle, le mot Menestrier, employé d’abord indifféremment avec un mot Ménestrel, l’emporta et ne servit plus à désigner que des instrumentistes. Très nombreux en tous pays et détenteurs de la profession musicale, qu’ils exerçaient soit en entrant au service des princes ou des villes, soit en menant par groupes ou isolément l’existence ambulante des jongleurs, dont ils étaient les successeurs et les héritiers, les Ménestrel s’organisèrent en chaque contrée en associations florissants. Fondée en 1321, la Confrérie et corporation des Ménestrel de Paris ne disparut qu’en 1776, par l’abolition du régime des corporations sous le ministère de Turgot. Celle de Ribeaupierre, en Alsace établie vers la fin du XIVème siècle, subsista jusqu’en 1789. Des sociétés analogues existaient en quelques provinces de France, en Allemagne, en Angleterre. Leurs membres obéissaient à des statuts réglant les conditions de l’apprentissage, et l’exercice de la profession. Ils étaient placés, sous la juridiction de l’un d’entre eux, désigné ou agréé par l’autorité souveraine et qui portait généralement, à l’étranger comme en France, le titre de « roi des menestriers ». (Voyez ce mot) Des assemblées corporatives, appelées au XIV° siècle écoles, et, en mauvais latin, scolas, tenues pendant le carême période de chômage pour les divertissements publics, réunissaient chaque année en grand nombre, en des lieux déterminés, les ménestriers venus quelquefois de fort loin, pour s’occuper des intérêts de leur profession. L’élévation du niveau de la culture instrumentale marqua la décadence de l’état de Menestrier. On vit en Angleterre la reine d’Élisabeth reléguer les Ménestrels dans la catégorie des mendiants et des vagabonds (1597). En France, le nom de ménétrier ne fut appliqué qu’aux musiciens populaires, jouant des airs de danse dans les bals de village.

 

Poètes et musiciens qui florissaient en France dès le huitième siècle.
Le maître de chapelle du roi Pépin, père de Charlemagne, était un ménestrel. _ Chanteurs et virtuoses à la fois, les ménestrels obtinrent pendant longtemps de grands succès. A la suite des preux chevaliers dans les batailles, les tournois, les carrousels, ils célébraient leurs exploits, et se rendaient les interprètes des sentiments exaltés, patriotiques qui faisaient alors battre les cœurs.
Ils jouaient aussi un rôle dans les cours d’amour, les combats poétiques et tous les jeux brillants du moyen-âge.
Admis dans les salons de l’aristocratie, ils faisaient l’admiration et les délices des sentimentales châtelaines. Cette vogue des ménestrels dura tant que leur nombre n’excéda pas certaines limites ; mais à mesure qu’ils se multiplièrent, ils perdirent peu à peu de leur crédit et de leur empire sur les imaginations. Il faut dire que plusieurs d’entre eux s’attirèrent le mépris public par des excès et des désordres qui provoquèrent souvent la rigueur des lois. Déchus de leur ancien prestige, exclus des châteaux et des palais, les ménestrels formèrent une corporation dont les membres, disséminés sur les divers points de la France, se mirent à utiliser leurs talents le plus fructueusement possible. Réunis en groupes de quinze ou vingt, ils parcouraient les bourgs, les villages, chantant et jouant de la viole et de la lyre ; puis, quand le soir était venu, ils partageaient en bons camarades leur recette de la journée. Les ménestrels survécurent aux troubadours. Mais à mesure que la musique fit des progrès en France, ils perdirent peu à peu toute considération. Connus encore aujourd’hui sous le nom de ménétriers, ils sont relégués au dernier rang de la hiérarchie musicale, et leur archet ne sert plus qu’à défrayer les fêtes rustiques.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872


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