Mélampe

1526 avant-J.-C

Mélampe était d’Argos et vivait environ l’an du monde 2705. Il naquit dans une famille illustre. Salmonée, qui régnait dans l’Elide, eut une fille d’une grande beauté ; elle se nommait Tyro, et elle épousa Cretès, qui succéda à Salmonée. Tyro donna à Cretès trois fils, Amythaon, Pherès et Aéson. D’Amytaon et d’Aglaïde naquirent Mélampe et Bias. Mélampe eut tant de goût pour les sciences qu’il passa d’Argos en Egypte dans le dessein de s’instruire de celles qu’on cultivait dans ce pays. Il en rapporta de grandes connaissances dans la Grèce, mais aussi une partie de la superstitieuse mythologie et de la magie des Egyptiens. L’art même de guérir, si fort au goût de ce dernier peuple, mérita encore toute son attention ; la preuve des progrès qu’il y avait faits se tire des histoires suivantes :

- Les filles de Praetus, roi des Argiens, étaient devenues folles. Il les guérit en les purgeant avec l’ellébore, dont il avait reconnu la vertu par l’effet qu’il produisait sur ses chèvres après qu’elles en avaient brouté. Mélampe ne s’en tint pas là ; il fit baigner les filles du roi dans une fontaine d’eau chaude pour achever la cure. Voilà les premières purgations dont il soit fait mention parmi les Grecs. On donna depuis le nom de mélampodium à l’ellébore.

- Le savoir de Mélampe dans la médecine est encore prouvé par l’histoire de l’Argonaute Iphiclus, fils de Philacus. Ce jeune homme, fort chagrin de n’avoir pas d’enfants, s’adressa à Mélampe, qui lui conseilla de prendre de la rouille de fer, pendant dix jours, dans un peu de vin ; ce remède produisit l’effet qu’il en attendait. Leclerc doute du fait dans son Histoire de la Médecine ; mais, s’il est vrai, il n’est pas difficile de l’expliquer par des raisons que l’expérience confirme encore aujourd’hui.

Pour parvenir à la découverte de ce remède, il n’était pas nécessaire que Mélampe fit parade de son habileté dans l’art des incantations et qu’il feignit de recourir à une voie extraordinaire, la révélation du vautour. Tout cela ne tendait qu’à en imposer à ses compatriotes ignorants. Mais cette supercherie, si digne des gens avides d’honneur et d’argent, et dont la conduite des empiriques, nous fournirait cent exemples, était fort en vogue dans les premiers âges de la médecine. On doit cependant âges de la médecine. On doit cependant convenir que, si Mélampe employa les incantations, les charmes et les augures dans le traitement des maladies, ce fut à l’imitation des Egyptiens, chez qui il en avait puisé la pratique.
Ce manège était fort en vogue chez ce peuple, et le fut chez tous ceux qui remplacèrent le défaut de leurs connaissances par l’air mystérieux qu’ils mirent dans l’exercice de la médecine. La vanité des personnes qui en faisaient profession y trouva d’autant mieux son compte que l’ignorance des gens à qui ils avaient à faire se prêtait aveuglément à toutes les pratiques de l’odieux manège qui déshonora si fort l’enfance de notre art. Une seule chose peut les excuser à nos yeux, c’est que la religion s’accordait avec la façon de penser des uns et des autres.

Les premiers semblaient plus attachés au culte des dieux, dont ils imploraient le secours ou dont ils attendaient les révélations ; les seconds se laissaient aisément persuader par ce cérémonial que les médecins étaient des hommes protégés et favorisés du ciel. Que s’ensuivait-il de là ? C’est que les peuples marquaient en tous temps une extrême vénération pour les médecins, et que, dans la maladie, ils avaient pour leurs ordonnances toute la docilité possible. On commençait l’incantation ; le malade prenait les potions qu’on lui prescrivait comme des choses essentielles et ne manquait pas d’attribuer aux charmes l’efficacité des remèdes. Si les prêtres d’Esculape ou d’Isis avaient connu la vertu du quinquina, il leur aurait été bien facile d’accréditer, aux dépens de cette écorce, la partie du culte qu’ils auraient voulu ordonner en l’administrant. Cependant il faut convenir que ces momeries pouvaient augmenter la confiance du malade en son médecin, changer même l’état de la maladie par les influences nécessaires des dispositions de l’esprit sur celles du corps, deux effets qui ne sont pas de petite importance pour accélérer le succès des remèdes.

Hérodote, Pausanias, Ovide et Apollodore, en parlant des cures faites par Mélampe, semblent nous suggérer que la médecine n’était pas alors aussi imparfaite qu’on le pense communément ; car, si nous considérons les propriétés de l’ellébore, et surtout de l’ellébore noir, dans les maladies particulières aux femmes, et en même temps l’efficacité des bains chauds à la suite de ce remède, nous conviendrons que tout cela était bien sagement prescrit dans le cas des filles de Praetus. D’une autre part, en supposant, comme il est vraisemblable, que l’impuissance d’Iphiclus provenait du relâchement des solides et d’une circulation languissante des liquides, il est évident que, pour corriger ces défauts, les préparations faites avec le fer étaient tout ce que, avec les connaissances modernes, on aurait pu ordonner de mieux. Mais, comme si ce n’eût point été assez de faire honneur à Mélampe de ces deux cures, dans lesquelles on a mis tout l’esprit et la justesse des indications les mieux prises, on a voulu encore lui attribuer des morceaux d’écriture qui ont paru en grec dans le seizième siècle ; ils ne sont cependant qu’un tissu de sottises et de puérilités. Celui qui est intitulé : Ex palpitationibus Divinatio ne contient que neuf pages et demie d’impression, et celui qui porte le titre de Divination ex noevis corporis est en quarante-trois lignes. Ils ont été publiés en grec à Rome en 1545, in-8°, avec d’autres ouvrages ; en grec et en latin à Paris en 1658, in-folio, avec la Métoposcopie de Jérôme Cardan. M. Goulin, qui parle de ces deux espèces d’ouvrages dans la lettre adressée à M. Fréron au sujet de l’Histoire de l’Anatomie et de la Chirurgie de M. Portal, les attribue à un autre Mélampe qui vivait en Egypte environ mille ans plus tard que le premier, sous un des rois Ptolomée. Ceci se rapporte assez au sentiment de Pierre Castellan et de Néander, qui citent un Mélampe qui fleurissait après Empédocle. C’est au plus ancien que quelques auteurs donnent un fils nommé Thyodamas ou Théodamas ; il hérita du savoir de son père et se distingua autant que lui dans la médecine. C’est du même dont Virgile fait mention au troisième livre des Géorgiques :
Praetera, nec jam mutari pabula refert,
Quaesitaeque nocent artes ; resarre magistri
Phyllirides Chyron, Amythaoniusque Melampus

MM Bayle et Thillaye. Biographie médicale par ordre chronologique. Paris Adolphe Delahais, 1855


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