La Médecine du temps de Mozart. Les maladies. Dossier I

La Syphilis

Au XVIIIe siècle, la distinction entre syphilis et blennorragie n’est pas encore faite. On parle des « maladies vénériennes , et surtout de la syphilis. On sait par contre que ces maladies sont transmises lors des rapports sexuels. La transmission de la maladie se faisait principalement à partir de la prostitution, qui sévit dans tous les milieux. On connaît les maladies vénériennes en Europe depuis la fin du XVe siècle. Leur localisation intialement génitale en fait une maladie honteuse, assimilée à une faute, et qui constitue pour la grande majorité de la population une impureté condamnable, mettant le malade à l’écart. [18])

Misliweczek

Ainsi, dans la correspondance, Mozart fait part de ses craintes vis-à-vis de la maladie syphilitique en général et de l’atteinte de son ami le compositeur Misliweczek en particulier :  « A qui la faute, sinon à lui-même et à la méprisable vie qu’il a menée ? Quelle honte pour le monde entier ! Tout le monde le fuit et le méprise ; c’est ce qu’on appelle faire son propre malheur ! » [14]. S’y reflète également l’ampleur du fléau :
« On ne peut adresser la parole à personne qui n’ait été atteint 3 ou 4 fois par une de ces belles maladies – ou qui ne le soit encore. – Les enfants viennent au monde avec cette maladie. – Je ne vous écris rien de neuf – vous le savez depuis longtemps – mais croyez-moi, cela a encore empiré. » [14]
Dans sa phase secondaire, apparaissant parfois plusieurs années plus tard, elle atteint tous les organes. Enfin la phase terminale est marquée par des signes cardiaques et neurologiques, entraînant des souffrances particulièrement intenses. [19])
La prévention des maladies sexuellement transmissibles apparaît véritablement en Angleterre avec les « condom », appelés encore redingotes anglaises » en France, où ces préservatifs vont commencer à être utilisés en 1774. (36) [1] Dans le reste de l’Europe, la transmission de la maladie ne connaît pas de frontière, répandant la maladie dans toutes les classes et à tous les âges.
Les médecins et responsables hospitaliers commencent à prendre conscience de la nécessité d’une prise en charge adaptée de cette maladie. [8]
Dès 1496, la ville de Nuremberg avait transformé un refuge pour indigents en établissement d’isolement pour syphilitiques. Au même moment est créé à Paris le premier établissement français d’isolement pour vénériens. Puis, un peu partout en Europe, des locaux de fortune se mirent à recevoir les syphilitiques. Ce fut le cas de l’hôpital Saint-Germain, en 1559. Au XVIIIe siècle, des établissements similaires font leur apparition à Saint-Pétersbourg en 1723, à Londres en 1745, à Paris (citons par exemple l’Hôpital des Capucins, en 1792) et à Vienne sur les instances de Van Swieten. En juillet 1775, à Paris, une annonce est faite pour le traitement populaire du mal vénérien, qui y sera dès lors administré gratuitement. Toujours à Paris, les enfants « gâtés », c’est-à-dire ayant contracté la maladie de façon congénitale, les femmes enceintes et les nourrices infectées sont recueillis à l’Hospice de Vaugirard dès 1780.
Le traitement est à base de mercure, principalement sous la forme de fumigations, de frictions (méthode la plus connue) et de pilules. Le mercure est également utilisé sous forme de lavements, de sirop, de bains, etc. Mais les effets du mercure, hautement toxique pour le système nerveux, en limitent l’utilisation.[16], [17])

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