La douleur, au centre de la relation pédagogique et parentale ou le complexe de l’albatros par procuration

Complexe d'Albatros

Le complexe de l’Albatros par procuration
On va retrouver parfois ce que certains nomment le complexe de l’Albatros, décrit chez les enfants surdoués. Empêtré dans ses ailes blanches disproportionnées lorsqu’il est au sol, et qui le gênent pour évoluer comme le commun des mortels, l’enfant n’a comme possibilité que celle de rogner ses ailes pour essayer de s’adapter aux systèmes organisationnels éducatifs qui ne sont pas faits pour lui. Dans la situation la plus banale, en dehors même de la notion d’enfant prodige, on retrouve un complexe d’Albatros par procuration ; ce sont les parents, les enseignants, par un surinvestissement qui ne correspond pas aux possibilités réelles de l’enfant ou tout simplement à son propre désir, qui le dotent d’ailes factices, trop grandes, pour quelqu’un qui n’a pas les capacités réelles de prendre son envol. L’enfant va rechercher des solutions acceptables pour avancer cahin-caha, la douleur venant apporter de manière tout aussi factice une réponse acceptable pour conserver l’amour parental au-delà de l’échec ou a minima de l’arrêt momentanée de la pratique.

La douleur fait de la résistance
Lorsque cette crise se prolonge, la douleur peut entrer dans un fonctionnement névrotique, lorsqu’elle prend pour but récurent et essentiel d’obtenir des « bénéfices » primaires ou secondaires. Bénéfices primaires lorsqu’elle permet à l’enfant de diminuer une anxiété plus grande encore, qui est celle de l’échec, de ne pas répondre aux désirs parentaux de réussite. Bénéfices secondaires lorsqu’elle permet de centrer l’attention de ses proches, être aimé malgré la non-réussite. Le symptôme non décrypté, entendu, discuté va acquérir un véritable statut pour le patient dans lequel il est difficile de trouver une issue rationnelle.
Dans ces consultations, nous percevons dans ces situations combien la douleur va résister tant que la tension interfamiliale au sujet de la réussite de l’enfant n’aura pas été renégociée, reformulée. Finalement tant que l’enfant ne se s’est pas réapproprié son avenir et que les parents n’ont pas acquis une vision réaliste de la problématique, la douleur acquiert une fonction utile.
La douleur parfois correspond bien à un problème physique ; la physiopathologie, les facteurs biomécaniques sont bien explicatifs du trouble. Mais parfois la douleur est enkystée dans les désirs divergents de l’enfant et des parents. Elle répond moins bien à la thérapeutique, mais répond bien aux problèmes du moment, différer un concours, se donner une année supplémentaire, s’investir dans un autre champ, découvrir de nouveaux espaces relationnels avec des amis. L’action thérapeutique sera bien la prise en charge rééducative du trouble, mais un accompagnement psychologique permettra de jouer un effet de levier pour trouver une issue adaptée et éviter la chronicisation.

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