Jean de Mandeville

Le livre de voyages de Mandeville

Né environ en 1300, mort en 1372

Le personnage de Jean de Mandeville, mystérieux s’il en est, suscite, depuis la fin du XIX siècle, une querelle de critiques encore particulièrement vivace. Il serait né dans la ville de Saint-Albans, en Angleterre, au début du XIVe siècle et, après une vie aventureuse de chevalier qui l’aurait mené en Orient, se serait installé comme médecin à Liège, où l’idée lui serait venue d’écrire ses mémoires de voyages (idée que lui aurait suggérée Jean d’Outremeuse). Il serait décédé à Liège et aurait été enterré au monastère des Guillelmites, aujourd’hui disparu.

La polémique vient de ce que Mandeville a été assimilé par Jean d’Outremeuse à un certain Jean de Bourgogne, ou Jean « à la Barbe ». Nombre de critiques ont ainsi mis en doute sinon l’existence, du moins le séjour de Mandeville à Liège, et ont vue dans ce Jean de Bourgogne, et même dans Jean d’Outremeuse, le ou les auteurs d’une supercherie littéraire destinée à s’approprier le prestige que connaissait l’œuvre. Il est cependant troublant que les moines de Saint-Albans, dont l’église abbatiale abrite une inscription funéraire et une urne contenant, selon la tradition, le cœur de Mandeville, n’aient pas contesté le fait qu’il ait été inhumé à Liège, où les Guillelmites ont longtemps montré de ses reliques. Quoi qu’il en soit, la critique actuelle fait de Jean de Bourgogne un pseudonyme utilisé par Mandeville pour se dissimuler à Liège.

La critique cerne mieux l’œuvre que l’homme. D’abord considéré comme un récit de voyages d’intention objectif, le livre de Mandeville, écrit en 1356, apparaît aujourd’hui comme une supercherie littéraire à grand succès – on en conserve quelque 250 manuscrits. Traduit dès après sa rédaction française en latin et en anglais, l’œuvre puise allègrement dans bon nombre d’écrivains Boldensele, Oderic de Pordenone, Vincent de Beauvais, la Légende dorée, Isidore de Séville, etc.), mais le compilateur a fait preuve de génie en fondant le tout en un ensemble cohérent et légendaires, expériences personnelles (on s’accorde à penser que Mandeville a effectivement voyagé au Proche-Orient) et écrits divers. Y domine la voix d’un observateur avisé rapportant ses « souvenirs » de voyage dans un esprit d’universalité rare à l’époque. Ses écrits influencèrent le public, notamment Christophe Colomb qui, en y lisant que la terre était ronde, trouva stimulés ses projets d’expédition, par l’Ouest, vers « l’Inde ».

Cette merveilleuse compilation de récits, croyance et descriptions allant, par l’Est, de l’Atlantique aux rives du Pacifique, offre un panorama grandiose du monde du XIVe siècle, tel qu’il était imaginé à l’époque. Mandeville fut de ceux qui apprirent aux hommes de son temps à contempler l’univers comme un tout indivisible et, au-delà des agglomérats de propriétés féodales, suscitèrent une nouvelle vision du monde.

J-C Polet Patrimoine littéraire européen


 

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