Irlande (De la musique en)

Les compositions orientales sont d’une grâce, d’une mollesse, d’un raffinement d’expression et de sentiment dont n’approche aucun autre peuple ancien ni moderne. La ressemblance qui existe entre la langue et les airs d’Irlande et la langue et la musique d’Orient, se retrouve également dans les poésies et les images qui l’embellissent, en sorte qu’elles sont une preuve nouvelle de l’origine orientale du peuple de cette île. Spencer appelle les chansons irlandaises un poème parsemé de petites fleurs qui se donnent de la grâce et de la beauté les unes aux autres. Le langage en est chaste, élégant et pur ; les nuances qu’elles retracent sont d’une rare fraîcheur, et on y retrouve plus d’un trait séduisant du caractère national, et surtout l’inspiration de la belle et riche nature d’Erin. L’éblouissante neige dont au printemps la végétation couvre les arbres, le murmure des cascades, le plumage des oiseaux, la gracieuse et mélancolique verdure de l’île d’émeraude, sont les éternels objets de descriptions riches et vraies. Au milieu de tous les malheurs de cette belle et poétique contrée, la main de 1er des oppresseurs n’a pu, à travers les siècles, y étouffer les plus tendres, les plus nobles sympathies du cœur : le despotisme n’y a point alourdi les ailes de la pensée. Cependant quelques portions de l’Irlande peuvent seules prétendre à être encore aujourd’hui appelées la terre de la chanson. La musique et la poésie ont suivi les destinées de la langue, et se sont comme elle repliées devant la conquête politique et religieuse de l’Angleterre, pour se retirer dans les comtés où la langue ancienne et la foi catholique ont survécu aux persécutions. La poésie énergique et plaintive, celle qui chante le courage et le patriotisme, celle qui se lamente sur les tombeaux et les ruines, l’ode et l’élégie sont restées au Munster, dans le Waterford dans le Kerri, dans les pays de Clare et de Limerick. La chanson, celle qui décrit la fleur des champs, la fraîcheur des bocages, l’azur des lacs, la grâce et la beauté des femmes, est restée dans le Golway, le Mayo, le Connaugth. Le Connaugth est véritablement la terre de la chanson : c’est là que de génération en génération se perpétuent quelques chants dont l’air et les paroles sont antérieurs au quatorzième siècle, et quelques autres dont la tradition a perdu l’origine, mais qui par le sujet semblent appartenir à l’ère du paganisme.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872


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