Ince (Thomas Harper)

Né à Newport, le novembre 1882, mort à Hollywood le 19 novembre 1924, il a été, avec Griffith, le grand créateur du cinéma américain. Acteur dans la firme d’Edison, scénariste pour Griffith à la Biograph, metteur en scène pour l’IMP du producteur Laemmle (il tourna Their firt Misundestanding, avec Mary Picford et Owen Moore en 1910), il prit en 1911, le contrôle de la firme Bison 101, filiale de la New York Motion Picture, où il réalisa une centaine de films, avant de participer à la fondation de la Triangle (1914), puis de tourner pour les firmes Paramount et Associated Productors.
Les films les plus célèbres de T.H. Ince sont Civilization (1915), œuvre pacifiste à grande mise en scène qu’on rapproche plutôt des "superproductions" italiennes que de Naissance d’une nation, et la saga de "l’homme aux yeux clairs", le cow-boy Rio Jim (interprété par William Hart), à savoir The Aryan (Pour sauver sa race, 1916), Blue Blazes Rawden (L’Homme aux yeux clairs, 1918), etc.
Apollinaire, Louis Delluc, Jean Cocteau ont été, avant Bardèche et Brasillach et avant Sadoul ou Jean Mitry, les premiers admirateurs de T.H. Ince. Mitry a écrit, postérieurement, dans sa Filmographie universelle, que, si Griffith a créé la syntaxe cinématographique, T. H. Ince a été le "premier dramaturge" de l’histoire du cinéma. Il a excellé dans l’art - alors ignoré - de composer des idées et des thèmes exprimés par des images, d’imposer un découpage strict plan par plan, d’un film à une époque où l’on tournait d’une façon improvisée. Pour Delluc, Ince a su réaliser la synthèse harmonieuse "de tous les éléments confus ou radieux, mais désordonnés, d’un art qui sort de sa gangue". Ce chante du western, qui se posait, consciemment, en producteur avisé et non en artiste, a été, peut-être sans s’en apercevoir, le premier grand poète lyrico-épique du cinéma, avant Griffith et avant Abel Gance. Comme l’écrivent Bardèche et Brasillach :
"C’est à Thomas Ince et à William Hart que revient la gloire d’avoir donné au cinéma ses premiers poèmes de plein vent, et ses Iliades naïves…".

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