Grâce

La Grâce en Peinture

Nom féminin

La grâce est l’un des attributs de la beauté dans les êtres animés, lequel résulte de la manière de se mouvoir et de se poser, propre, dans chaque espèce, à l’individu bien conformé. La grâce appartient surtout à l’être humain dont les mouvements sont plus variés et plus délicats que ceux d’aucun autre animal. Toutefois on ne fait nulle difficulté de dire d’un beau cheval que son allure a de la grâce, d’un cerf qu’il marche et porte la tête avec grâce, et de plusieurs autres animaux qu’ils nagent, volent, courent ou bondissent avec grâce.
La grâce ne procède donc pas, comme on le dit quelques auteurs du juste accord des sentiments de l’âme avec l’action du corps ; elle est le résultat de l’ensemble des mouvements et réside dans l’attitude instantanée ou continue du corps, indépendamment des affections de l’âme ; les gens vulgaires eux-mêmes n’en sont pas toujours dépourvus, et le sommeil ne l’efface pas de la figure humaine.
Tout individu, beau de forme, dont aucun accident, aucune mauvaise habitude n’a faussé les mouvements, a des grâces naturelles.
L’homme le moins bien conformé peut, en s’appliquant à imiter ces mouvements propres à une belle conformation, se donner des grâces artificielles : la beauté sans grâces est un être incomplet ou dégradé ; la grâce sans la beauté un être factice.
Le peintre, qui a le choix de ses modèles et ne doit jamais les prendre que dans la belle nature, n’a point à s’occuper des grâces artificielles, mais il ne saurait être trop attentif à observer et à rectifier tout ce en quoi ces modèles ont pu déroger à la beauté de leur nature. Il en est fort peu, il n’en est aucun, dont les grâces naturelles n’aient été altérées par l’usage des vêtements, les habitudes particulières à la profession qu’il exerce, les maladies, les dérèglements de la vie, ou désordre de quelque passion dominante. C’est à discerner ces accidents du modèle, pour en faire abstraction dans la représentation, que s’applique le génie de l’artiste, et c’est cette abstraction qui constitue en très grande partie ce qu’on appelle le beau idéal. Voir Idéal.
Bien que la grâce, proprement dite, n’appartienne qu’aux êtres animés, par une expression figurée on l’attribue aussi aux choses ; à un arbre qui porte bien ses branches et se prête avec souplesse au souffle de l’air ; à une draperie dont le jet est naturel, dont les masses conformes aux règles de la pondération ; à une colonne svelte et bien proportionnée, même aux choses immatérielles, comme les formes et le mouvement du discours, ou les modulations musicales, desquelles on dit fort bien qu’elles ont de la grâce.

Edouard Rouveyre Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911


 

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique