Gigogne (Dame)

Dame Gigogne, connue plus familièrement sous l’appellation de « Mère Gigogne », qui lui était bien due, est un type de notre ancien théâtre, qui s’est rendu fameux plus tard aux marionnettes, en compagnie de Polichinelle, et qui, devenu essentiellement populaire, a reparu à diverses reprises sur quelques-unes de nos scène parisiennes. Dame Gigogne était le type de la fécondité maternelle : commère délurée, couveuse effrénée, on la représentait souvent en géante, donnant l’essor à tout un régiment d’enfants qui, en présence des spectateurs, s’échappaient de ses vastes flancs et sortaient en courant de dessous ses immenses jupes ; c’était d’un effet irrésistible sur le public. Avec cela « forte en gueule », maîtresse langue, à la conversation colorée et pimentée, elle avait avec Polichinelle des entretiens empreints d’une saveur gauloise qui plaisaient à nos pères, mais dont il serait difficile aujourd’hui de reproduire les accents vigoureux. Quoique son origine soit assez confuse, on peut affirmer qu’il n’y a pas loin de trois siècles que dame Gigogne jouit de son immense popularité, car voici ce qu’en dit Charles Magnin : « Dame Gigogne est, je crois, contemporaine de Polichinelle, ou de bien peu d’années sa cadette ; elle a commencé, comme lui, à s’ébattre, en personne naturelle, sur les théâtres et même à la cour de France. On l’a vue aux Halles, au Louvre, au Marais et à l’Hôtel de Bourgogne, avant de l’applaudir dans la troupe des acteurs de bois. Je lis dans le journal manuscrit du Théâtre-Français à la date de 102 : « Les Enfants sans-souci, qui tentaient l’impossible pour se soutenir au théâtre des Halles, imaginèrent un nouveau caractère pour rendre leurs farces plus plaisantes. L’un d’eux se travestit en femme et parut sous le nom de madame Gigogne ; ce personnage plut « extrêmement et, depuis ce jour, il a toujours été rendu par des hommes. »
Dans nos féeries modernes, le type de dame Gigogne a été plus d’une fois exploité, et toujours avec succès. Néanmoins, et bien que la popularité du personnage soit très réelle, l’historien consciencieux doit constater qu’elle est moins souveraine, moins universelle que celle de messer Polichinelle.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d ‘Arthur Pougin, 1885


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