Garde (La) au théâtre

Dans tout lieu public où se trouve une grande réunion d’hommes, la présence de la police est toujours nécessaire, soit pour prévenir tout désordre, soit pour l’arrêter, soit pour le réprimer. On trouvera au mot police les renseignements nécessaires sur ce point ; ici nous n’avons à nous occuper que de la garde militaire chargée d’assurer la sécurité des théâtres pendant leurs représentations. Voici ce qu’un document nous apprend en ce qui concerne la garde de l’Opéra en 1759 : « Pour assurer la tranquillité de ce spectacle, il y a une garde du régiment des Gardes-Françaises, composée par trois sergents et un des deux sergents-majors, et il est payé à cette garde par chaque jour de représentation une somme de 36 livres prélevée sur le produit de l’Opéra, et 500 livres aux deux sergents-majors par chaque année par forme de gratification. Ces soldats se tirent de toutes les compagnies, et on choisit toujours les plus sages, les plus braves et les mieux faits, ainsi que sergents qui les commandent ; ils y sont en faction comme chez le Roi, tant aux portes que dans l’intérieur de la salle, pour y contenir les spectateurs dans le respect dû à une maison royale (Les spectacles de Paris, 1759) ». Nous voyons qu’à la même époque, « la garde des Comédies Française et Italienne est composée d’un sergent-major, de deux sergents, de quatre caporaux et de trente soldats du régiments des Gardes-Françaises. » Trente et un an plus tard, nous sommes en pleine Révolution, et les gardes françaises ont fait place à la garde nationale. « La garde de l’Opéra est composée de soixante hommes de la garde nationale, compris deux sergents et quatre caporaux. Les jours de bal, elle est augmentée de quarante hommes. » Quant à la Comédie-Française, voici comment elle est gardée : « la garde de la Comédie est composée de cinquante hommes de la garde nationale parisienne, à savoir : dix grenadiers et quarante soldats des compagnies du centre, fournis par la première et seconde division, qui sont relevés tous les mois. De plus, hui volontaires fournis par la première division, un sergent et un caporal. Cette garde est commandée par un lieutenant ou sous-lieutenant dit de quartier, deux sergents et quatre caporaux relevés tous les deux mois. Il y a tous les jours un capitaine, lieutenant ou sous-lieutenant dit de police. Le roi a établi et entretient, pour veiller aux accidents du feu, une garde de quatre pompiers, placés dans différents endroits du théâtre, ayant auprès d’eux un tuyau de pompe toujours prêt à fournir de l’eau au premier signal, et dont chacun correspond à une pompe placée près d’un réservoir et servie par huit soldats du régiment des gardes nationales parisiennes commandés par un sergent et un caporal (Les Spectacles de Paris, 1790). Un décret de l’Assemblée nationale de janvier (1791) établissait (art 7) les dispositions suivantes : « ll n’y aura au spectacle qu’une garde extérieure, dont les troupes de ligne ne seront point chargées, si ce n’est dans le cas où les officiers municipaux leur en feraient la réquisition formelle. Il y aura toujours un ou plusieurs officiers civils dans l’intérieur des salles, et la garde n’y pénétrera que dans le cas où la sûreté publique serait compromise, et sur la réquisition expresse de l’officier civil, lequel se conformera aux lois et règlements de police. Tout citoyen sera tenu d’obéir provisoirement à l’officier civil. » Sous la Restauration, la police des théâtres était confiée aux soins d’une garde composée de gendarmes et de soldat des régionales de la garde royale, sous les ordres d’un adjudant, d’un officier de gendarmerie, d’un officier de la maison du roi et de l’officier de police administrative du quartier. Aujourd’hui, le service d’ordre des théâtres, tout extérieur, comme l’établissait le décret de 1791, est fait par un peloton de gardes républicains sous le commandement d’un sous-officier, et par quelques gardiens de la paix.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d'Arthur Pougin, 1885


Médecine des Arts®    
715 chemin du quart 82000 Montauban (France)
Tél. 33 (0)563200809 Fax. 33 (0)563912811
E-mail : mda@medecine-des-arts.com


 

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique