Frontin
Personnage de comédie et d’opéra-comique qui est devenu presque un type, et qui pris naissance sur notre scène dans les dernières années du dix-septième siècle. Frontin est un descendant un peu dégénéré des Scapin, des Mascarille, des Crispin et des Gros-René, un précurseur un pu pâle de Figaro, dont il n’a ni l’esprit sémillant ni la large envergure. C’est un valet rusé, malin, matois, que l’on trouve mêlé à toutes les intrigues, qui jacasse sans cesse, fait la cour aux soubrettes, soigne autant qu’il le peut les affaires de son jeune maître sans pour cela négliger les siennes, et qui se fait remarquer par sa bonne humeur, son envie de bien vivre et son esprit un pu vulgaire, quoique parfois réel. Il est vrai que l’opéra-comique, en s’emparant, il y a tantôt un siècle, de l’ancien Frontin de comédie, nous l’a un peu gâté en le vulgarisant peut-être plus de raison. Je ne sais si c’est Dancourt qui a inventé ce personnage ; toujours est-il qu’on le trouve dès 1692 dans un de ses comédies, les Bourgeoises à la mode, et dans une autre, les Curieux de Compiègne, représentée en 1698. Marivaux l’employa ensuite, dans l’École des Mères (1732), les Serments indiscrets (1732), l’Heureux Stratagème (1733), le Petit-Maître corrigé (1734), la Méprise (1734), les Sincères (1739), l’Épreuve (1740) ; puis ce fut Philippe Poisson dans l’Amour secret (1740), Saint-Foix dans le Sylphe (1743), Gresset dans le Méchant (1747), etc. Il devint le héros de certaines pièces, telles que les Ruses de Frontin, Frontin mari garçon, et autres. Toutefois, Frontin était déjà malade lorsqu’est survenue la révolution de 1830 ; celle-ci lui a donné le coup de grâce, et depuis lors personne n’a été tenté de le ressusciter.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d'Arthur Pougin, 1885
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