François-Armand Huguet Armand

Acteur de théâtre

Acteur du théâtre François, né à Richelieu en Poitou, d’une famille honnête en 1699, mort à Paris le 25 décembre 1765. Il eut l’honneur d’être tenu sur les fonts de baptême au nom de M. le duc, aujourd’hui maréchal de Richelieu et fut élevé sous le nom d’Armand, qu’il a porté toute sa vie par un sentiment de respect pour son parrain. Amené de bonne heure à Paris, son esprit vif et tourné aux saillies plus à l’abbé Nadal, auteur de la tragédie de Saül de quelques autres ouvrages et qui voulut bien se charger de son éducation. Il le plaça enfant-de-chœur à la paroisse S. Paul  mais le maître de musique le jugeant peu propre à faire des progrès dans cet art, l’abbé Nadal le fit entrer chez un notaire.

C’est là qu’il donna des preuves de son talent supérieur pour jouer les rôles comiques. Personne n’était plus habile à saisir le ridicule ; il faisait rire ceux même qu’il contredisait, tant il imitait originalement leur ton, leurs gestes, leurs démarches. A peine eut-il vu la comédie, qu’elle devint pour lui plutôt un besoin qu’un amusement. Cédant enfin au goût qui l’entraînait, il monta d’abord sur le théâtre, en Languedoc ; et de retour à Paris, il débuta à la Comédie Françoise, le 2 mars 1723, par le rôle de Pasquin dans l’Homme à bonnes fortunes. Il fut reçu le 6 mai 1724, avec l’applaudissement général du public.

La nature lui avait donné le masque le plus propre à caractériser les talents d’un valet adroit et fourbe, tel que les Daves de l’antiquité. Il saisissait avec une présence d’esprit singulière tout ce qui qui pouvait plaire au public. Jouant le rôle de Pasquin dans Attendez-moi sous l’orme, après ces mots  Que dit-on d’intéressant ? Vous avez reçu des nouvelles de Flandres, il répliqua sur le champ : On dit que Port-Mahon est pris ? Ainsi le filleul eut le mérite d’annoncer la conquête de son parrain. Il a créé plusieurs rôles, et il fut le restaurateur de ceux de Falaise dans la Réconciliation Normande et de Glacinag dans le Mariage fait et rompu. Cet acteur contrefit avec tant de vérité le Pantalon des Italien, dans la petite comédie de la Françoise Italienne, que celui-ci disait en le voyant  Si je ne me sentais au parterre, je me croirais au théâtre. Son humeur gaie, et facécieuse ne le quitta jamais. A l’âge de soixante-six ans, il s’amusait des heures entières à entendre debout, sur les boulevards, les parades de Nicolet et il y riait d’aussi bonne foi qu’un jeune écolier. Dans les affaires les plus sérieuses, il ne pouvait se refuser des plaisanteries, et ses meilleurs amis en étaient quelquefois la victime, mais la méchanceté du cœur n’en était point le principe ; on assure qu’il l’avait naturellement bon. Il se retira du théâtre le 5 mars 1765, avec une pension du roi, après quarante-deux ans de service. Il était le doyen des Comédiens Français. Sa mort arriva bientôt après ; et il fut enterré à S. Sulpice, sa paroisse.

Dictionnaire des artistes ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs. Ouvrage rédigé par M. l'Abbé de Fontenai. 1776


 

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