Fodor (Mme Joséphine Mainvielle

Célèbre cantatrice

Fodor Joséphine

Fodor (Mme Joséphine Mainvielle, 1789-1870) Célèbre cantatrice, fille de Joseph Fodor, est née à Paris en 1703, et non en Russie, comme on l’a prétendu dans quelques notices biographies ; mais elle n’était âgée que de quinze mois lorsque son père partit pour aller à Saint Pétesbourg et l’emmena avec lui. Elevée pour la musique, elle acquit de bonne heure du talent sur la harpe et le piano ; à onze ans elle se faisait entendre sur ces deux instruments dans les concerts que son père donnait. Trois ans plus tard, elle commença à se faire connaître comme cantatrice ; elle débuta en 1810 au théâtre impérial dans les Cantatrici villane, de Fioravanti, et y fut applaudie dans soixante représentations. EN 1812, elle épousa Mainvielle, acteur du Théâtre-Français au service de la cour de Russie. L’empereur Alexandre ayant supprimé ses troupes de comédiens étrangers, Mme Mainvielle-Fodor chanta quelque temps à Stockholm et à Copenhague, puis elle se rendit à Paris, où elle débuta le 9 août 1814, à l’Opéra-Comique. Au peu de succès qu’elle obtint dans la Fausse Magie, le Concert interrompu, le Calife de Bagdad, la belle Arsène, Zémire et Azor, etc., il aurait été difficile de prévoir la brillante réputation qu’elle a acquise ensuite sur la scène italienne. La musique française allait mal au caractère de sa voix, parce cette musique exige une prononciation nette et bien articulée, que Mme Mainvielle-Fodor n’a jamais eue. Confiante dans son avenir, mais comprenant que ses espérances ne se réalisaient pas dans l’opéra français, elle saisit avec empressement l’occasion qui se présenta de remplacer au théâtre de l’Odéon Mme Barilli, enlevée par une mort prématurée à sa famille et à ses admirateurs.

Engagée comme prima donna, Mme Mainvielle-Fodor ne craignit pas de se faire entendre dans les ouvrages qui avaient été les plus favorables au talent de Mme Barilli, et malgré les souvenirs que la célèbre cantatrice avait laissés dans la mémoire des habitués du Théâtre-Italien, elle sut s’y faire applaudir. Après avoir débuté, le 16 novembre 1814, dans la Griselda, de Paer, elle chanta avec succès dans les Nozze di Figaro, il Re Teodoro, Peneloppe, etc. En 1816, Mme Catalini, ayant obtenu le privilège de l’opéra italien, transporta ce spectacle au théâtre Favart. Mme Fodor y fut engagée avec Garcia, Crivelli, Porto, etc. ; mais bientôt ces artistes, abreuvés de dégoûts par les prétentions de la directrice, qui voulait briller seule et ne voyait qu’avec peine des talents réels auprès d’elle, ces artistes, dis-je, résilièrent leurs engagements, et se rendirent à Londres. Mme Mainvielle-Fodor y chanta jusqu’au mois de juillet 1818, puis elle partit pour aller en Italie. A cette époque de sa carrière, sa voix, originairement dure et lourde dans la vocalisation, s’était assouplie par des études constantes, et avait acquis une douceur et un charme inexprimable. Engagée à Venise pour chanter au théâtre de la Fenice, elle s’y fit entendre pour la première fois dans l’Elisabetta de Carafa, et y obtint un de ces succès d’enthousiasme qu’on ne connaît qu’en Italie. Couronnée sur la scène après la première représentation, elle fut rappelée plusieurs fois chaque soir avec des trépignements et des cris d’admiration ; des sonnets lui vinrent de toutes parts, et les principaux dilettanti se réunirent pour faire frapper à son effigie une grande médaille d’or ; honneur qui n’avait été accordé qu’à Marohesi.

Fodor Joséphine

Le Théâtre-Italien de Paris, anéanti par la mauvaise administration de Mme Catalani, fut réorganisé au commencement de 1819, et Mme Fodor y fut engagée. Elle y reparut au mois de mai de cette année et dès lors commença la plus belle partie de sa carrière ; car son talent avait acquis tout son développement, et les opéras où elle se faisait entendre obtenaient seuls du succès. L’Agnese, de Paer, il Matrimonio segreto, Don Juan, il Barbiere di Seviglia et la Gazza ladra furent pour elle les occasions d’une suite de triomphes qui n’eurent point d’interruption pendant trois ans. Sa manière ne se faisait point remarquer par l’élévation du styme, ni pas un caractère passionné, mais par une justesse inaltérable des intonations, une grande pureté de son, beaucoup de perfection dans les détails, et un charme irrésistible dans l’accent de la voix. Le Barbier de Séville, de Rossini, n’avait eu aucun succès à la première représentation donnée au Théâtre-Italien de Paris ; la métamorphose fut complète à la seconde parce que Mme Fodor y avait pris la place de Mme Ronzi de Begnis, dans le rôle de Rosine, et dès lors seulement le bel ouvrage de Rossini fut compris par les Parisiens. Dans les derniers temps de son séjour à Paris, sa santé fut altérée par une affection du pylore qui n’avait point d’influence sur la pureté de son organe vocal, mais souvent la plongeait dans un état de faiblesse extrême. Les médecins conseillèrent un voyage en Italie ; Mme Fodor se résolut à essayer en effet du changement de climat, et partit pour Naples au mois d’avril 1822. L’influence de ce climat fut si prompte et si salutaire, que la cantatrice pur débuter au théâtre Saint-Charles, dans Desdemona d’Otello, au mois d’août de la même année. L’enthousiasme fut justifié par la manière dont Mme Fodor chanta les rôles de Semiramide, de Zelmira, et vingt autres qu’elle créa pendant son séjour à Naples, dans des opéras sérieux, bouffes et de demi-caractère. Ses succès ne furent pas moindres à Vienne, où elle chanta en 1823. Ce fut alors qu’elle revint de nouveau à Paris, pour l’exécution d’un contrat qu’elle avait fait avec M. le vicomte de la Rochefoucaud, directeur général des beaux-arts. Le 9 décembre de la même année, elle reparut au Théâtre-Italien, dans la Semiramide de Rossini, qui n’était point encore connue des dillentanti parisiens. Elle y échoua si complètement, dès les premières scènes du premier acte, soit par l’effet de l’émotion, soit par l’altération de sa voix, qu’elle n’essaya même pas de lutter dans le reste de la représentation, et qu’elle ne se fit plus entendre depuis lors à Paris. Un enrouement, non permanent, mais qui se manifestait après un quart d’heure d’exercice, se déclara dès ce moment, et l’obligea à garder un silence absolu.

Fodor Joséphine

Dans ces circonstances, elle offrit à l’administration de la liste civile de rompre l’engagement qu’on avait contracté avec elle ; mais l’espoir de voir dissiper ce qu’on considérait que comme un accident passager, fit rejeter ses propositions. Ce ne fut qu’après qu’on eut acquis la certitude de la prolongation indéfinie de sa maladie ; alors elle exigea qu’on exécutât les clauses du contrat ; un procès s’ensuivit ; et ce procès allait être gagné par la cantatrice, quand l’administration éleva le conflit et fit porter la cause au conseil d’Etat. Cette discussion dura plusieurs années et se termina par une transaction en 1828. Devenue libre de nouveau, Mme Fodor voulut essayer encore du climat de l’Italie pour le rétablissement de sa santé ; le ciel de Naples dissipa en effet cet enrouement obstiné dont elle n’avait pu triompher en France. Elle crut un instant pouvoir retrouver et les succès et la source de fortune que son talent lui procurait autrefois et reparut au théâtre de Saint-Charles en 1828 ; mais elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Jamais sa voix ne reprit le velouté ni la puissance qui étaient ses qualités distinctives quelques années auparavant ; la conviction de cette triste vérité obligea Mme Fodor à se retirer de la scène. Une notice sur cette cantatrice distinguée, par M. Charles Unger, a paru sous ce titre : Joséphine Mainvielle-Fodor, Précis historique sur sa vie, etc. Vienne, 1823, in-8°, avec le portrait de l’artiste

Biographie par Fétis, (1784-1871). Biographie universelle des musiciens
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