Figures de cire

Il y a plus d’un siècle que dure la vogue des musées de figures de cire, et le succès obtenu par le musée Grévin, ouvert à Paris depuis trois ans environ, montre qu’elle n’est pas près de s’éteindre. C’est à un Allemand nommé Curtius, établi en France, que l’on doit sinon l’invention, du moins la grande popularisation de ce spectacle. C’est aux environs de 1780 que Curtius installa à Paris son Salon de figure de cire, et voici ce qu’en disait un analyste en 1791 : « Le sieur Curtius, artiste allemand, naturalisé Français par son domicile en France depuis nombre d’années plus d’une fois et de plusieurs manières très honorables, tient depuis longtemps sur le boulevard du Temple et sous les galeries du Palais-Royal un cabinet de figures en cires imitant parfaitement la nature. Tous les ans il renouvelle ses deux salons, et tous les mois il y change quelque chose. Outre les figures de fantaisie qu’on lui fait faire en ville, et dont il garde une copie quand les têtes ont du caractère et de la beauté, il a des héros, que l’on reconnaît sur le champ, et qui, de la tête aux pieds, sont costumés avec la plus grande vérité. Les figures qui ont eu le plus de vogue cette année u salon de Curtius sont celles du roi, de MM. Bailly, la Fayette et de plusieurs illustres députés de l’Assemblée nationale, celles du fameux sieur Hulin, du sieur Elie et des autres principaux vainqueurs de la Bastille… » Mais il n’était guère question jusque-là que de figures isolées, ce qui était encore l’enfance de l’art. Le fameux musée de Madame Tussaud, à Londres, si célèbre aujourd’hui depuis près d’un demi-siècle, prit une route nouvelle, dans laquelle il est maintenant suivi par le musée Grévin. Non seulement, dans ces établissements, on exhibe tour à tour les figures de tous les personnages célèbres : souverains, prétendants, hommes politiques, artistes, écrivains, criminels, mais on reproduit, d’une façon véritablement saisissante, des groupes spéciaux et des scènes entières représentant des événements contemporains, et cela de façon à produire une illusion complète et à tromper l’œil le plus exercé. Un fait divers émouvant, un acte criminel, la confrontation d’un assassin avec sa victime, la mort d’un grand personnage, tout cela est présenté au public avec tous les accessoires nécessaires, avec un sentiment de la réalité qui fait naître dans l’esprit du spectateur l’impression véritable du fait mis sous ses yeux.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d'Arthur Pougin, 1885


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