Feu d’artiste

On sait ce que c’est que ce genre de spectacle, accompagnement obligé de toutes les grandes fêtes publiques ou particulières. Importé en France dans le cours du dix-septième siècle, il devint très populaire à partir du dix-huitième, et fut porté à son plus haut point de splendeur par des artificiers qui étaient de véritables artistes. Torré d’abord, puis la dynastie nombreuse des Ruggieri, qui n’est pas encore éteinte. A l’époque de la Révolution et sous le premier Empire, dans les grands établissements de plaisir où la foule s’assemblait librement et en plein air, tels que l’ancien Colisée, les jardins Marbeuf, de Trivoli, du Vauxhall, l’Élysée Beaujou, les feux d’artifice faisaient tout naturellement partie des divertissements offerts aux spectateurs, qui se pressaient pour admirer les merveilles des Ruggieri depuis longtemps passés maîtres en ce genre. Mais on peut s’étonner que les théâtres, endroits clos et couverts, aient trouvé le moyen d’offrir, sans danger, ce spectacle à leur clientèle habituelle. C’est pourtant ce qui se faisait constamment, il y a un peu plus d’un siècle, à la Comédie-Italienne. En parlant de la mort d’un acteur chéri du public de ce théâtre, Jean-Antoine Romagnesi (1742), un chroniqueur du temps s’exprimait ainsi : -« Il emporta les regrets du public, et sa mort fut une époque de la décadence du Théâtre-Italien, qui ne revint en faveur que lorsqu’il donna ses feux d’artifice, dont l’invention ramena le public toujours avide de la nouveauté. » Le même écrivain nous apprend qu’à la première… représentation d’un de ces feux d’artifice, intitulé les Métamorphoses (1746). « on vit tomber différents couplets, sur plusieurs airs de vaudevilles connus, qui partaient de l’ouverture ovale du cintre, au-dessus du parterre. Ces couplets étaient imprimés sur de petits carrés de papier séparés ; ils faisaient allusion aux feux d’artifice en général, et avaient été composés par Messieurs Panard et Gallet, auxquels on eut l’obligation de cette idée ingénieuse. » L’un de ces couplets était ainsi conçu :

Le succès de l’artificier
L’engage à vous remercier ;
Grâces à l’extrême indulgence
Dont vous honorez ses travaux,
Messiers, nous n’avons point en France
Tiré notre poudre aux moineaux.

La vogue de ce divertissement à la Comédie-Italienne se prolongea pendant une dizaine d’années. Les feux d’artifice qui furent ainsi livrés au public s’appelaient le Tableau, le Berceau, Atlas, le Temple d’Apollon, la Pyramide, la Guinguette, la Terrasse, le Parterre, le Bouquet, etc. Il en était d’eux comme des pièces nouvelles, et les exécutions s’en renouvelaient autant de fois que le public y trouvait de plaisir.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d'Arthur Pougin, 1885


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