Faux self

Pour D. W. WINNICOTT, les notions de faux et de vrai self sont transnosographiques, et relèvent plus d’une nouvelle topique que d’une pathologie particulière : « il y a un parallèle (entre vrai et faux self) avec la distinction établie par S. FREUD entre une partie centrale [du psychisme] gouvernée par les pulsions et une partie tournée vers l’extérieur. » Ces notions sont à rapporter à la relation précoce que le nourrisson et sa mère entretenaient, lors de la constitution du moi et du self. Il faut préciser ici que, pour D. W. WINNICOTT, le self est une instance du psychisme qui permet une réflexivité (le psychisme se considère lui-même), à partir du ressenti psychique et corporel en voie d’intégration : c’est l’autonomisation progressive de la subjectivité de l’enfant qui la permet. Dans ce contexte, le vrai self est, « au stade le plus primitif, la position théorique d’où provient le geste spontané et l’idée personnelle. » : « Seul le vrai self peut être créateur et ressenti comme tel. » Le faux self est défensif : il protège et dissimule le vrai self en se soumettant à l’environnement. Il entraîne un ressenti de facticité et d’inanité car « il élabore un ensemble de relations artificielles, et au moyen d’introjections, en arrive même à faire semblant d’être réel, de telle sorte que l’enfant peut, en grandissant, ressembler exactement à la mère, à la tante, ou à quiconque occupe le premier plan à ce moment-là. » L’étiologie du faux self serait à chercher dans les interactions précoces : lorsque la mère n’est pas suffisamment bonne, « à la place de répondre au geste spontané de l’enfant, elle y substitue le sien propre, qui n’aura de sens que par la soumission du nourrisson. Cette soumission est le premier stade du faux self. »
Cette « soumission » peut être comprise comme la nécessité pour le nourrisson de s’identifier à ce qui est imposé par la mère ; il risquerait de perdre son amour s’il ne le faisait pas. La théorie du faux self de D. W. WINNICOTT semble être une bonne illustration d’une « injonction identificatoire », qui oblige l’enfant à faire siens des éléments psychiques extérieurs. Ceux-ci portent alors la marque de sa soumission et donc de la négation de son existence autonome ; c’est une manière de figurer l’aliénation qu’encourt chaque individu dès lors qu’il est obligé « par l’extérieur » de s’identifier.
La construction identitaire effectuée de cette manière risque donc d’être inauthentique, dans la mesure où le sujet se reconnaîtra dans des éléments qui ne lui appartiennent pas, qui lui ont été imposés de l’extérieur, et qui resteront alors pour lui incompréhensibles. Le recours à un tiers, pour se dégager de ces injonctions identificatoires, pourra alors se révéler nécessaire
Benjamin PETROVIC


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