Erostrate

Opéra en deux actes, livret de MM. Emilien Pacini et Méry, musique de M. E. Reyer ; représenté à l’Opéra le 16 octobre 1871. Nous renvoyons le lecteur à l’analyse que nous avons donnée de cet ouvrage dans le Dictionnaire lyrique (page 260). Il a été joué à Bade en 1862, et la partition ayant été publiée, j’ai pu en rendre compte avant la représentation à l’Opéra ; la partie du public qui était impartiale et compétente pour le juger a porté le même jugement que moi sur cette œuvre distinguée. On était encore sous le coup des actes horribles du vandalisme de la Commune, de l’incendie barbare et stupide de nos monuments, de la destruction des œuvres d’arts entassées à l’Hôtel de ville et dans la bibliothèque du Louvre ; comment aurait-on pu s’intéresser à ce fou, à cet Erostrate incendiaire ? En outre, cet ouvrage n’était pas à l’Opéra dans un cadre qui lui convînt ; c’est un opéra di mezzo carattere ; la scène de l’ancien Théâtre-Lyrique lui aurait mieux convenu. L’opéra français demande plus d’ampleur, une action plus haute, des épisodes plus nombreux, des moyens dramatique plus puissants. L’orchestration de cet ouvrage est très bien traitée, mais un peu touffue et occupant trop constamment l’attention, comme on doit s’y attendre de la part d’un admirateur de la musique de Berlioz ; on retrouvera dans ma notice l’indication des morceaux les plus saillants ; l’accueil a été froid, mais cet opéra pu fournir plusieurs représentations. L’administration de l’Opéra ne le fit entendre que deux fois, et se refusa à une troisième épreuve malgré la tradition du théâtre et les droits de l’auteur ; il est vrai qu’on pouvait citer un précédent. Le Tannhauser n’avait eu que deux représentations ; mais autant elles avaient été tumultueuses et concluantes, autant celles d’Erostrate avaient été convenables et dignes, sans la plus légère marque d’improbation ; aussi, la mesure prise par l’administration provisoire de l’Opéra fut-elle universellement blâmée. Quant à l’exécution, je l’ai trouvée suffisante ; sans éclat, par le fait même de l’auteur qui a dédaigné toute virtuosité ; mais sans défaut choquant, quoiqu’elle ait donné lieu à un incident scandaleux dont on trouvera les détails dans les journaux du temps. Mlle Hisson a bien interprété le rôle d’Athénaïs dans lequel elle était fort belle ; les autres rôles ont été chantés par Bosquin et Bouhy.


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