Empédocle

504 Avant J.-C.

Disciple de Parménide et de Thélaguès, Empédocle était d’Agrigente, où il naquit vers le commencement de la LXXIII° olympiade, qui tombe l’an du monde 3516, avant J.-C. 488. Il fut partisan du système de Pythagore sur la transmigration des âmes, et il mit cette opinion en vers dans un poème que les anciens ont beaucoup loué pour la richesse des métaphores, l’énergie des expressions, et la beauté des images. Il composa aussi des vers sur la médecine, au nombre de six mille, suivant Daniel Le Clerc ; c’est là qu’il étale les sentiments singuliers qu’il avait sur cette science. Quant à sa méthode de traiter les malades, elle passe pour avoir été accompagnée de toutes ces mystérieuses chimères que Pythagore avait introduites dans l’art de guérir. Il faut cependant lui rendre justice et avouer qu’il ne laissa pas de faire plusieurs cures singulières, parce qu’apparemment il ne faisait pas toujours usage de ses vaines spéculations. On rapporte qu’il se servait quelquefois de la musique comme d’un remède pour les maladies de l’esprit, et même pour certaines maladies du corps.
Ses connaissances dans la physique lui firent faire bien des miracles aux yeux de ses ignorants compatriotes. Ils crurent que la science était surnaturelle et magique, et que c’était par elle qu’il opérait des choses qu’ils regardaient au-delà des forces de l’homme. On s’imagina par exemple, qu’il avait ressuscité une femme ; mais il se trouve qu’il l’avait seulement guérie du mal de mère, ou suffocation hystérique, qui lui donnait toutes les apparences de la mort. Une autre merveille, qu’il opéra dans sa patrie, provient de ce qu’il avait reconnu que la stérilité et la peste, qui ravageaient souvent la Sicile, étaient causées par un vent du midi, qu’il s’insinuait par les ouvertures de certaines montagnes ; il conseilla de fermer ces gorges, ses conseils furent suivis et ces calamités disparurent.
On trouve dans un ouvrage de Plutarque, qu’Empédocle connaissait la membrane qui tapisse la coquille du limaçon dans l’organe de l’ouïe, et qu’il regardait comme le point de réunion des sons et l’instrument immédiat par lequel se fait leur perception. Au reste, nous n’avons aucune raison de croire que cette découverte anatomique ait été faire avant lui.
Quant à sa physiologie, il ne parait pas qu’elle fût plus raisonnée que celle de son maître ; son opinion sur les quatre éléments qui étaient dans une guerre continuelle, mais sans pouvoir jamais se détruire, faisait le fondement de sa doctrine. Cependant il perça quelquefois à travers le voile qui couvre les opérations de la nature. Par une conjecture aussi juste que délicate, il assura que les graines dans les plantes étaient analogues aux œufs dans l’animal ; et depuis lui, les philosophes et les médecins ont été dans la persuasion que le germe de la reproduction des êtres vivants était contenu dans l’œuf… Empédocle ne s’en est point tenu là ; il a cru que certaines parties du corps des animaux étaient contenues dans la semence du mâle, et certaines autres dans celle de la femelle ; et comme il a supposé que les parties qui étaient séparées cherchaient naturellement à se réunir, il a conclu que c’était de la tendance à ce rapprochement que venait l’appétit vénérien dans l’un et l’autre sexe.

- C’est sur ce témoignage de Galien que Daniel Le Clerc prête ce dernier sentiment d’Empédocle. On y trouve le canevas du système des particules organiques qui a fait d’autant plus honneur à un savant naturaliste de nos jours, que, suivant ses idées, on peut expliquer tout ce qui a rapport à la reproduction des êtres vivants, sans recourir à l’analogie établie par le philosophe d’Agrigente, entre la graine de la plante et l’œuf de l’animal. Tout ingénieux que soit le système des particules organiques, tout dominant qu’il soit aujourd’hui dans la manière de penser, en est-il plus vraisemblable que l’opinion des ovaristes ? Dans le mystère obscur que ces deux systèmes prétendent éclairer, c’est moins à la raison qu’à l’expérience à décider de la préférence de l’un sur l’autre. Les observations fondées sur la dernière ne sont point favorables à l’hypothèse des particules organiques. L’analogie entre les graines dans les plantes et les œufs dans l’animal est plus dans l’ordre de la nature ; et si le système établi sur cette analogie ne peut résoudre toutes les difficultés, il jette au moins un satisfaisant sur le chaos qui couvre l’ouvrage de la génération.

- Notre philosophe faisait un si grand cas de la médecine, qu’il élevait presque au rang des immortels ceux qui excellaient dans cet art. Il était en cela bien éloigné de penser comme Héraclite, qui disait que les grammairiens pourraient se vanter d’être les plus grands fous, s’il n’y avait point de médecins. Apparemment que les contemporains de cet homme mélancolique avaient eu la prudence de fermer l’entrée de la médecine à sa philosophie, ou peut-être qu’ils avaient eu la témérité de lui proposer quelques questions embarrassantes ; deux injures dont Héraclite se vengea sur leur profession.

- Quant à l’histoire qui rapporte qu’Empédocle se précipita dans les flammes du mont Etna, afin de passer pour un Dieu et de persuader, en disparaissant, qu’il avait été élevé aux cieux ; Pausanias, son disciple, ainsi que Timée ; la démentent absolument dans Diogène de Laerce qui est de leur sentiment. Il y a même lieu de croire que, s’il tomba dans ces flammes, ce fut par un motif et par un malheur semblable à celui de Pline qui fut englouti par l’embrasement du mont Vésuve, pour avoir voulu en examiner la cause de trop près. Mais Néanthés rapporte la fin d’Empédocle d’une autre manière. Il dit qu’il se cassa la cuisse en tombant de son char de voyage et qu’il est mort de cette chute à l’âge de soixante-dix-sept ans. Aristote ne lui donne que soixante ans de vie, pendant que d’autres en prolongent le terme jusqu’à cent neuf.

- Empédocle remporta le prix de la course à cheval dans les jeux de la LXXXI° olympiade ; mais comme il ne pouvait, en qualité de pythagoricien, régaler le peuple ni en viande, ni en poisson, il fit faire la représentation d’un bœuf avec une pâte de myrrhe, de miel et de toutes sortes d’aromates, et la distribua par morceaux à ceux qui se présentèrent.

MM Bayle et Thillaye. Biographie médicale par ordre chronologique. Paris Adolphe Delahais, 1855


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