Dramatiste, dramaturge

En inscrivant dans son Dictionnaire, le mot dramatiste, qui sert à caractériser l’écrivain qui fait des drames, Littré fait fort justement remarquer que ce mot est peu usité. D’autre part, il constate, au mot dramaturge, qui offre la même signification, que celui-ci est presque toujours pris en mauvaise part, et appliqué d’une façon dédaigneuse. Quoi qu’il en soit, nous devons constater, à notre tour, qu’il n’y a pas d’autre mot pour désigner les écrivains qui s’occupent spécialement de drame, et que sous ce rapport nous n’avons pas le choix de l’expression à employer. Il est bien évident néanmoins que nous ne saurions qualifier de l’épithète de dramaturges les deux grands créateurs du drame moderne, Victor Hugo et Alexandre Dumas, non plus que ceux qui les ont suivis dans la voie qu’ils avaient si largement ouverte : Frédéric Soulié, Alfred de Vigny, Félicien Mallefille, Maillan, Léon Gozlan, M. Lockroy, etc. Mais, après ceux-ci, on trouve toute une légion d’auteurs dramatiques, qui ne sont pas toujours écrivains, et qui, avec plus ou moins de talent, plus ou moins d’habileté, quoique presque toujours avec succès, se sont lancés dans la carrière du drame émouvant et pendant plus de trente ans ont été les fournisseurs attitrés des grands théâtres du boulevard, consommateurs infatigable de cette dentée très cotée auprès de leur public. Au premier rang de ceux-ci il faut citer Joseph Bouchardy, qui a remporté des succès éclatants avec Gaspardo le Pêcheur, le Sonneur de Saint-Paul, le Secret des cavaliers, et quelques autres drames fort mal écrits, mais d’une rare puissance de conception. Après Bouchardy on vit venir Anicet-Bourgeois, Michel Masson, Paul Fourcher, Alboize, Rougemont, Rosier, Victor Séjour, puis MM. d’Ennery, Eugène Grangé, Cormon, Auguste Maquet et quelques autres. Quant aux écrivains qui n’ont pas fait du drame leur spécialité, mais qui s’y sont aventurés quelquefois en y apportant de hautes qualités littéraires, on ne saurait les passer sous silence, car ces incursions dans un domaine qui n’était pas absolument le leur ne leur en ont pas moins valu des succès éclatants et prolongés. George Sand avec Mauprat et le Pressoir, Ponsard avec Charlotte Corday, M. Émile Augier avec les Lionnes pauvres et le Mariage d’Olympe, M. Octave Feuillet avec Dalila et le Roman d’un jeune pauvre, M. Alexandre Dumas fils avec la Dame aux camélias et Diane de Lys, M. Victorien Sardou avec Patrie et la Haine, M. Jules Barbier avec Jeanne d’Arc, ont assurément bien mérité de la scène et du public français en ces dernières années par quelques jeunes écrivains bien doués, MM. Albert Delpit, Jules Clarestie, Catulle Mendès, Jean Richepin, elles n’ont pas encore assez prouvé en faveur de leurs aptitudes spéciales pour qu’on puisse compter ces écrivains parmi les véritables…dramatistes. (Voyez Mélodrame.)
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


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