Douleur chronique chez les artistes, le rôle des émotions

Douleurs chroniques, un mode de fonctionnement cérébral particulier

Pourquoi chez certaines personnes la douleur cède rapidement alors que chez d’autres la douleur passe à la chronicité ? Ce constat nous l’avons tous fait, que cela soit dans le cadre personnel ou dans la relation thérapeutique. Existe-t-il des facteurs qui favorisent le fait que certains sujets pour une même affection ont un processus évolutif douloureux ? La question est d’importance, des scientifiques américains ont essayé de répondre à cette interrogation.

Le professeur Vania Apkarian qui a mené ces travaux explique que « la persistance des douleurs seraient due à la combinaison de la blessure elle-même avec l’état du cerveau ».
La douleur chez le musicien, mais c’est également vrai dans l’ensemble des pratiques artistiques, cirque, danse, etc. est le premier symptôme exprimé. A côté des troubles aigus tels que les tendinites aiguës, les syndromes de surmenage du musicien posent toujours un problème sur le plan physiopathologique et thérapeutique. Certaines douleurs invalident de manière conséquente la pratique et les enjeux de carrière du fait de leur persistance dans le temps. Les conditions de prise en charge sont-elles adaptées à des profils différents dans l’expression douloureuse, le thérapeute tient-il suffisamment compte de ces différences pour prendre en charge l’artiste ?

Douleurs chroniques, un mode de fonctionnement cérébral particulier

Précédemment, le Professeur Vania Apkarian avait réalisé de nombreuses études comparatives chez des patients souffrant de douleurs au dos par rapport à des sujets sains. Elle avait pu mettre en évidence des différences dans l’anatomie et le fonctionnement cérébral. Mais les résultats n’avaient pas permis de conclure si ces différences étaient en relation avec le passage à la chronicité elle-même, la prise médicamenteuse ou le changement du style de vie.
Le professeur Vania Apakarian a développé une étude complémentaire afin de mieux définir les différences entre ces deux populations (le passage à la chronicité de la douleur chez certains sujets). Pour cela une population de 39 personnes sans antécédents douloureux qui avaient toutes subi des douleurs dorsales durant 1 à 4 mois a été étudiée. Un suivi par scanner a été réalisé durant 12 mois (1 scanner du cerveau au début de la période douloureuse et 3 à intervalles réguliers). Près de la moitié ne ressentait aucune douleur à la fin de cette période, l’autre moitié ressentait toujours des douleurs au-delà de 12 mois. Les scanners montraient des différences sur le plan cérébral entre ces deux échantillons et ceci dès le départ de la symptomatologie douloureuse, différence qui se confirmait par la suite. [1]

« C’est vraiment la première fois que, si deux sujets ont le même type de blessure depuis le même laps de temps, nous pouvons prédire lequel va développer une douleur chronique »,explique le professeur Vania Apkarian dans le Huffigton Post [2]. Ceci ouvre la voie à la mise en place d’examens complémentaires permettant de prédire l’évolution vers une douleur chronique et la mise au point de nouvelles thérapeutiques (médicamenteuse et psychologique) afin de modifier cette évolution.
Les personnes dont la douleur s’était estompée et avait été abolie rapidement présentaient une faible connexion entre le cortex frontal, l’insula et le noyau accumbens ; au contraire les personnes dont la douleur était passée à la chronicité montraient une connexion forte entre ces deux parties du cerveau.

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