Dompteur

L’un des spectacles les plus étranges, les plus curieux et les plus émouvants que l’on puisse contempler est celui que donnent les dompteurs de fauves et d’animaux féroces, qui promènent de ville en ville des ménageries parfois superbes, dont les sujets leur obéissent, on peut dire, au doigt et à l’œil. Il y a vraiment quelque chose de grandiose et de saisissant dans ce spectacle de l’ascendant exercé par la force morale, le courage de l’homme sur la force brutale et l’instinct féroce des animaux les plus dangereux. Il est vrai que quelques-uns de ces dompteurs ont fini d’une façon tragique, et que l’on en a vu devenir victimes d’une trop grande confiance en eux-mêmes. Ces exemples funestes ne découragent pas cependant ceux qui viennent après eux, et il semble que ce soit une véritable passion que celle qui pousse certains hommes à jouer ainsi leur vie dans des exercices périlleux. Vers 1830, on connaissait ainsi trois dompteurs qui ont fait l’étonnement et l’admiration du public français. Ces trois hommes étaient Carter, Martin et Van Amburgh. Martin était un ancien écuyer que des pertes d’argent avaient dégoûté de son métier, et qui cherchait une autre profession. « Il se lia alors dit un biographe, avec Mlle Vanaken, fille du directeur d’une des plus belles ménageries de l’Europe, l’épousa, et prit un intérêt dans cette entreprise. Martin, ayant toujours réussi à dompter les chevaux qui y passaient pour indomptables, voulut essayr si l’on ne pourrait pas également soumettre les autres animaux de différentes espèces. Il fit ses premières expériences sur un tigre royal âgé de six ans qui paraissait le connaître et le préférer aux autres personnes attachées à la ménagerie. Après huit mois d’observations, Martin parvint à connaître tous les mouvements du tigre lorsque cet animal se mettait en colère, ou lorsqu’il était content qu’on l’approchât. Martin profita de cet avantage au point qu’il avait rendu son tigre si docile qu’il lui faisait prendre sa main dans sa gueule et la lâcher au commandement, et une foule d’autres choses qui prouvaient l’ascendant que Martin avait obtenu sur ce terrible animal. Il s’occupa ensuite de dompter le lion, l’hyène, etc., et réussit d’une manière surprenante. Martin est venu donner des preuves de son courageux talent à Paris, où il a ouvert sa ménagerie le 5 décembre 1829. Nous ne saurions rapporter tout ce qu’il y a d’étonnant dans le spectacle qu’il offre chaque jour au public… » Martin obtint en effet un succès prodigieux, succès qui s’accentua davantage encore lorsque, dans une pièce faite exprès pour servir de cadre à ses exercices, les Lions de Mysore, il se présenta au public, avec ses animaux, sur la scène du Cirque-Olympique (1831). Il ne fut pas moins heureux en province, en se montrant dans cette pièce sur les théâtres de la plupart des villes de France. C’est vers la même époque qu’un autre dompteur, Van Amburg, également habile et courageux, remportait aussi de grands succès. Dans ces dernières années, plusieurs dompteurs énergiques, possesseurs de ménageries superbes, se sont fait applaudir aussi : Crockette, M. Pezon, le nègre Delmonico, M. Bidel, ce dernier surtout, qui a paru avec ses lions, au théâtre de la Porte-Saint-Martin, dans un des drames de M. Jules Verne.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


Médecine des Arts®    
715 chemin du quart 82000 Montauban (France)
Tél. 33 (0)563200809 Fax. 33 (0)563912811
E-mail : mda@medecine-des-arts.com

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique