Diptyque

Plaques d’ivoire sculpté

DiptyqueDouble tablette qui s’ouvrait et se fermait comme un livre, mais nous n’avons pas à nous occuper de ce genre de diptyque, qui était une sorte de carnet sur lequel les anciens inscrivaient leurs notes. Les diptyques qui nous intéressent sont des plaques d’ivoire sculpté se repliant l’une sur l’autre ou servant de couverture à des livres. Nous possédons de ces diptyques des XII°, XIII°, XIV°, XV° et XVI° siècles ; ils sont généralement sculptés, et leurs sculptures représentent des sujets religieux. Nos figures 341 et 342 montrent un diptyque en ivoire de la bibliothèque de Sens ; il représente le triomphe de Bacchus et sert de couverture au fameux Missel des fous ou de l’âne, composé au commencement du XIII° siècle par l’archevêque Pierre de Corbeil. Ce diptyque, qui mesure 0,35 m de hauteur sur 0,16 m de largeur, est appliqué sur des ais de bois très épais et bordés d’argent. Le faire de ce travail est large, bien que certaines négligences trahissent une main peu exercée.

DiptyqueLe musée de Cluny, à Paris, possède de nombreux et beaux ivoires (environ 183, des n°1032 à 1215) parmi lesquels se trouvent de beaux diptyques ; nos figures 343 et 344 en montrent un sculpté sur ses deux faces, qui provient des collections de ce musée ; on en ignore l’origine, mais il est probable que ces plaques ont fait partie de la couverture d’un livre. Suivant un ancien livret du musée, ces sculptures dateraient du XII° siècle ; suivant le nouveau catalogue (éd. De 1881, page 78), elles remonteraient au XI° siècle et même au X° siècle. Bien qu’il soit difficile de rien préciser à cet égard, nous pensons que le nouveau catalogue a commis une erreur en voulant faire remonter au X° siècle ces ivoires qui nous semblent postérieurs au XII° siècle. Si nous permettions de leur assigner une date, nous les classerions comme œuvres d’art du commencement du XIII° siècle.

La finesse de l’ornementation, la correction du dessin, la facture, surtout l’allure des personnages placés sur la plaque figure 343, indiquent très certainement un travail du XIII° siècle. Nous regretterons de n’être point d’accord en ceci avec le savant rédacteur du catalogue, qui nous fournit les détails suivants sur ce diptyque : « Ces deux plaques d’ivoire sont des monuments aussi précieux par leur époque reculée que par leur exécution. On ne peut décider si dans l’origine elles existaient seules, ou si elles ne sont que les débris d’une couverture de livre, composée d’un certain nombre de sculptures analogues. Il est fort difficile de préciser au juste l’époque à laquelle ces belles plaques ont été exécutées. Il y a lieu de présumer cependant que la face conservée intacte de nos jours est d’une exécution postérieure à celle décorée de sujets chrétiens, rabotés sans doute pour donner une autre destination aux ivoires, la matière étant rare et d’un prix élevé. Les sujets que l’on distingue au premier abord, sur le côté le mieux conservé des deux plaques, sont quatre signes du zodiaque : le Verseau et le Lion sur la première, le Sagittaire et le Capricorne sur la seconde. Dans le haut de la première plaque (n°1041 du catalogue), un guerrier menace de sa lance le Verseau, qui se retient à un arbre ; plus bas, un autre guerrier plonge un dard dans la gueule du Lion, et, dans la partie inférieure, on distingue une figure d’homme qui se joue dans les branchages.

Dans la seconde de ses plaques (figure 344, n°1042 du catalogue), le Sagittaire a l’arc en main et s’apprête à lancer une flèche. Le Capricorne est assailli par deux figures dont l’une, vêtue, est débout sur son dos, et se suspend d’une main à ses cornes et de l’autre à sa queue, tandis que la seconde, entièrement nEN deux paue, saisit d’une main la barbe de l’animal chimérique et de l’autre cueille un fruit que présente l’extrémité d’une branche. »

 Au dernier siècle, les ivoires anciens sculptés n’étaient pas rares, et comme on n’en connaissait pas le prix, on les vendait à bon marché ; aujourd’hui, au contraire, ils sont très recherchés et atteignent par conséquent des prix élevés.

Dictionnaire de l’art, de la curiosité et du bibelot
Ernest Bosc, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1883

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