Diorama

Le diorama est un spectacle très curieux, d’un genre particulier, dont on doit l’invention à deux peintres distingués, Daguerre et Bouton, qui le produisirent pour la première fois à Paris, en 1822, avec un immense succès. Le diorama offre la reproduction de tableaux naturels, de paysages d’intérieurs d’édifices, peints dans de vastes proportions, et qui, par le fait d’un procédé spécial de peinture, par la position qu’occupe le spectateur à l’égard du tableau, et par la disposition, l’éclat et les modifications successives de la lumière qui éclaire celui-ci, produisent les illusions d’optique les plus surprenantes. Tandis que dans le panorama la toile est cylindrique, celle du diorama offre une surface place ; le spectateur, placé dans une pièce éloignée de quinze à vingt mètres du tableau, ne voit celui-ci qu’à vingt mètres du tableau ouverture qui ressemble à l’avant-scène d’un théâtre et dont les bords, se prolongeant jusque vers le tableau, l’empêchent de voir aucun autre objet. La pièce où se trouve le spectateur ne reçoit d’ailleurs d’autre lumière que celle qui vient du tableau même, et se trouve par conséquent dans une obscurité relative, ce qui contribue à produire l’effet cherché. Au surplus, voici une description exacte des procédés mis en œuvre pour obtenir cet effet vraiment merveilleux :
Les tableaux sont peints des deux côtés sur une toile de coton, mais de façon à ce que la peinture antérieure soit transparente, c’est-à-dire soit aussi facilement que possible traversée par la lumière quand on éclaire le tableau par derrière. En outre, il faut que les deux peintures, quand elles représentent des objets différents, se raccordent avec la plus grande exactitude. Cela fait, c’est par la manière qu’on obtient les effets qui ont rendu célèbre ce genre de spectacle. La partie antérieure du tableau reçoit le jour d’une voûte vitrée qui reste invisible au spectateur. La lumière qui en vient tombe sur la peinture à un angle tel qu’elle est réfléchie dans la direction de ce dernier, et alors la peinture de la face l’obscurité. De plus, la voûte est pourvue d’un appareil de volets et de transparents de diverses teintes, au moyen desquels on peut à volonté augmenter ou diminuer l’intensité de la lumière, et la modifier de manière à reproduire avec une vérité et une exactitude incroyables tous les accidents naturels de lumière, d’ombre et de clair-obscur, c’est-à-dire à représenter les changements visibles qui dépendent de l’état de l’atmosphère, tels qu’un soleil éclatant, un clair de lune, un temps nuageux, ou obscurci par le brouillard, l’obscurité du crépuscule. Indépendamment de ces modifications si curieuses dans l’aspect du tableau qu’on obtient par ce mode d’éclairage direct, on peut encore changer, pour ainsi dire, le fond de la peinture. Pour cela, on intercepte le jour provenant de la voûte en question, et on éclaire vivement le tableau par derrière, en faisant arriver un flot de lumière sur la face postérieure de la toile. Dans ce cas, le tableau antérieur est annulé, et les objets représentés sur la face postérieure apparaissent à l’œil du spectateur surpris.
C’est par ce moyen que Daguerre et Bouton obtinrent un effet véritablement prodigieux avec leur tableau fameux représentant la Messe de minuit à Saint-Étienne-du-Mont, qui était un chef-d’œuvre au point de vue de l’illusion optique. On voyait d’abord l’église de jour ; puis, le tableau passait par toutes les dégradations de lumière pour arriver à une scène de nuit, éclairée par les flambeaux, les cierges et les lampes, et le public était bientôt émerveillé de voir toutes les chaises, vides toute à l’heure, occupées par une foule de fidèles en prière. Les autres tableaux exposés par les deux peintres représentaient l’Intérieur de la cathédrale de Cantorbéry, la Vallée d’Unterwald, Saint-Pierre de Rome, la Forêt-Noire, l’Inauguration du temple de Salomon, etc. Dans ces dernières années, plusieurs dioramas forts intéressants ont été offerts à la curiosité des Parisiens.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


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