Dimanche (Le) au théâtre

Le Dimanche au théâtre

Selon la saison, le dimanche est le jour le plus favorable aux théâtres ou le plus fâcheux pour eux. En hiver, tous sont à peu près sûrs de faire chambrée pleine, et ceux qui ont une pièce à succès sont certains de refuser du monde. La recette est tellement forcée à pareil jour, sur tout dans les théâtres populaires, que ceux-ci adoptèrent pendant longtemps une coutume barbare : certains qu’ils étaient d’emplir leur salle avec n’importe quel spectacle, ils ne jouaient jamais la pièce nouvelle, le dimanche, avant la quarantième ou cinquantième représentation, de telle sorte que ceux qui sont dans l’impossibilité d’aller au théâtre dans la semaine ne pouvaient jamais voir une pièce dans sa nouveauté. Il n’y a pas plus de quinze ou vingt ans qu’on a renoncé à cet usage unique.
Mais si le dimanche est le meilleur jour pour les théâtres dans la saison d’hiver, il devient, en revanche, le plus mauvais dans la saison d’été. Quand la chaleur est suffocante, quand le thermomètre oscille entre 25 ou 35 degrés, ceux qui n’ont qu’un jour de repos par semaine sont peu disposés, on le conçoit, à aller s’enfermer dans une salle de spectacle ; la campagne, la promenade, les terrasses des cafés font alors aux théâtres une concurrence victorieuse.
Aussi, il y a vingt-cinq ou trente ans, alors que ceux-ci n’avaient pas pris encore l’habitude d’une longue clôture d’été, comme beaucoup le font aujourd’hui, certains d’entre eux, tout en affichant leur spectacle, se réservaient de jouer ou de ne pas jouer. Si le temps se mettait tout à coup à la pluie, comme il arrive parfois à Paris, si un orage subit arrêtait les promeneurs, alors on ouvrait les portes, certain qu’on était de faire au moins une demi-salle ; mais si le soleil brillait de tous ses feux, si pas un nuage ne venait obscurcir l’horizon, une bande annonçant relâche était posée à quatre heures sur l’affiche, économisant au théâtre les frais de gaz, de garde et de pompiers qui n’auraient pas été couverts par les dix ou quinze personnes qu’on aurait pu voir entrer dans la salle. Pendant bien des années, deux théâtres notamment, le Vaudeville et le Palais-Royal, n’ont pas agi d’autre façon.
Aujourd’hui, la plupart de nos théâtres ferment l’été ; mais ils prennent leur revanche l’hiver, en donnant, le dimanche et les jours de fête, deux représentations par jour. (Voy. Matinées.)
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


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