Dialogue

Nom masculin. Ce mot, dont le sens littéral supposerait la présence de deux interlocuteurs seulement, a servi de titre, dans la seconde moitié du XVIe siècle et au XVIIe siècle, à des compositions profanes ou religieuses, à quatre sis, sept, huit et jusqu’à dix voix, qui servent en quelque sorte de trait d’union historique entre le madrigal et la cantate. Les plus anciennes furent insérées dans les livres de madrigaux de Cipriano de Rore (1557), Willaert (1559), Andrea Gabrieli (1570). Orazio Vecchi fit paraître en 1608 tout un livre de Dialoghi. Dans le genre religieux, le Dialogus per la Pascua, de H. Schütz (mort en 1660), est devenu célèbre depuis ses rééditions modernes. M.-Ant. Charpentier (mort en 1702) a intitulé Dialogues plusieurs de ses petits oratorios. Il existe aussi des Dialogue à plusieurs claviers pour l’orgue.
Dictionnaire de musique, Michel Brenet, 1926

Composition à deux voix ou à deux instruments qui se répondent l’un à l’autre, et qui souvent se réunissent. Un opéra n’est en quelque sorte qu’un dialogue continuel. Les récitatifs, les chants à deux ou à plusieurs voix, les chœurs mômes y sont dialogués. Dans les airs, la voix dialogue souvent avec l’orchestre. L’art de faire dialoguer les voix entre elles, les instruments entre eux, et de faire concourir à la perfection du dialogue les parties vocales et instrumentales réunies, doit donc être une des principales études du compositeur dramatique.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872

Le dialogue théâtral est un art difficile, qui participe tout à la fois au fond et à la forme d’une œuvre dramatique : au fond, par la façon dont il est mené, construit, entendu ; à la forme, par ses qualités de style, par la propriété des expressions qui y sont employées, par l’esprit dont l’écrivain y peut faire preuve. Il doit être vif, serré, intéressant, toujours dans le sujet, et dégagé de toute espèce d’inutilité. « Le dialogue, a dit Chamfort, est proprement l’art de conduire l’action par les discours des personnages ; tellement que chacun d’eux dise précisément ce qu’il doit dire, que celui qui parle le premier dans une scène l’entame par les choses que la passion et l’intérêt doivent offrir le plus naturellement à son esprit, et que les acteurs lui répondent ou l’interrompent à propos, selon leur convenance particulière. Ainsi, le dialogue sera d’autant plus parfait, qu’en observant scrupuleusement cet ordre naturel on n’y dira rien que d’utile et qui ne soit, pour ainsi dire, un pas vers le dénouement. »
Molière, auquel il faut toujours en revenir lorsqu’il s’agit de la perfection théâtrale et d’un modèle à présenter, Molière, dont le dialogue était si serré que pas une phrase, pas une incise, pas un mot parasite n’y trouvait place, y apportait pourtant une aisance, une facilité, un naturel qui jamais ne pourront être surpassés. On a observé avec raison que chez lui l’ordre et la vérité dans le dialogue sont portés à un point qu’on ne saurait trop admirer. « Chez Molière, a-t-on dit, chacun dit précisément ce qu’il doit dire, et ce que tout nomme eût dit à sa place s’il avait au assez d’esprit ou de niaiserie, d’innocence ou de finesse, de colère ou d’amour, de tristesse ou de gaieté, selon le caractère que l’auteur a donné à son personnage ou le sentiment qu’il a mis en lui. Chez Molière le dialogue, parti d’un joint, arrive au point le plus opposé, sans que la route ait fait un coude visible, sans qu’il soit possible de trouver un point de suture. L’exemple est pris de si haut, et si loin de toute comparaison, que nous n’oserions appeler l’attention ailleurs, après l’avoir portée sur cette perfection. » C’est que cette perfection est véritablement le comble de l’art, et que Molière est toujours le maître des maîtres.
Dans les ouvrages lyriques où se trouve une partie parlée (opéra-comique ou opérette), on distingue sous le nom de dialogue ou poème cette partie parlée, par opposition au chant, qui est la partie musicale.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


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