Déterminants psychologiques des blessures chez les danseurs

Dispositions individuelles au stress et blessures en danse

Version révisé du stress-injury model, adapté d’après William et Andersen (1998)
Médecine des arts©

Il existe plusieurs modèles théoriques sur les facteurs de prédiction des lésions, blessures et accidents. D’une manière générale, trois facteurs principaux peuvent être avancés :
Le premier est que lorsque vous dansez alors que vous êtes physiquement tendu, vous êtes plus enclin à vous blesser. La tension musculaire est un facteur en lui-même d’accidentabilité et elle majore les troubles musculo-squelettiques.
Le deuxième est que si votre esprit n’est pas centré sur la tâche à accomplir (distractibilité), le risque d’accident et de blessure est majoré.
Le troisième est lié plus directement à l’anxiété et l’inquiétude qui vont également majorer le risque d’accident et de blessure.
L’étude de Smith a mis en évidence qu’il existe une combinaison de ces trois facteurs chez les danseurs et danseuses classiques, combinaison qui est un risque notable d’accidentabilité et de blessures.

On a pu également mettre en évidence d’autres facteurs déterminants dans les blessures chez les danseurs.
Des facteurs liés à la personnalité : Des travaux en psychologie de la santé ont appuyé l’idée que des facteurs de personnalité comme le névrosisme ou, plus particulièrement, l’hostilité, la dépression ou l’anxiété sont caractéristiques d’une vulnérabilité individuelle au stress et prédisent donc l’état de santé physique d’une personne.
L’anxiété-trait joue un rôle notable dans l’équilibre psychologique du sujet ; elle est corrélée positivement avec l’anxiété-état. Ainsi un niveau d’anxiété-trait (anxiété au fil des jours) élevé détermine un niveau d’anxiété-état (face à un événement) élevé. L’anxiété trait et état sont aussi un facteur de vulnérabilité aux blessures.

L’anxiété-trait est conceptualisée comme suit : une dimension stable de la personnalité d'un individu le prédisposant à percevoir une vaste gamme de situations objectivement inoffensives comme menaçantes. En présence de celles-ci, l'individu peut émettre une réponse anxieuse de niveau variable dont l'intensité n'est pas proportionnelle à l'ampleur de la menace (Spielberger, 1966)
L’anxiété-état est un état émotionnel subjectif et immédiat de nature transitoire (variant dans le temps). Il est déterminé par la perception d'émotions d'appréhension et de tension associées à un éveil du système nerveux autonome. Lorsqu'une stimulation provenant de l'environnement (stress ou stresseur environnemental) présente une menace pour le sujet, celui-ci émet une réponse anxieuse (Spielberger, 1972)

L’anxiété scénique influence la survenue de blessure (Blackwell et McCullagh, 1990 ; Hanson et al., 1992 ; Kolt et Kirkby, 1994 ; Lavalee et Flint, 1996 ; Petrie, 1993b). D’autres recherches sont en faveur d’une plus grande fragilité des danseurs qui présentent un locus de contrôle externe, c’est-à-dire considérant qu’ils n’ont pas de contrôle sur les événements qu’ils vivent (Pargman et Lunt, 1989) ou danseur avec un profil de personnalité de type A, traduisant leur sens permanent à la pression du temps, leur tendance à la concurrence, leur hostilité envers autrui.

Les ressources de coping occupent une place centrale dans le modèle liant le stress à la survenue d’une blessure (Williams et Andersen, 1998). La perception d’un soutien social réduit les conséquences du stress perçu et contribue au maintien de l’état de santé, particulièrement quand on fait l’expérience d’événements de vie stressants (Hardy et al., 1991 ; Patterson et al., 1998 ; Petrie, 1992, 1993a).

Des facteurs de stress : les petits tracas quotidiens, le manque de soutien social. Ce facteur est bien étudié dans le champ de la psychologie de la santé, et démontré chez les sportifs. La survenue d’événements stressants dans le quotidien du danseur (ex : décès, divorce, conflit interpersonnel) ou plus spéfiquement au sein même de la pratique de la danse (changement de statut, conflit avec un coach, un professeur, l’administration) peut également contribuer à la survenue d’une blessure (Bramwell et al., 1975 ; Coddington et Troxel, 1980 ; Cryan et Alles, 1983 ; May et al., 1985 ; Schafer et McKenna, 1985 ; Kerr et Minden, 1988). Ce n’est pas seulement le nombre et l’intensité des événements vécus par le danseur qui sont en partie responsables de l’apparition d’une blessure, mais la perception de détresse, c’est-à-dire le stress perçu.
Certains auteurs ont par ailleurs mis en évidence que la confrontation d’une personne à des situations stressantes est responsable de déficits attentionnels de la vision périphérique et de la vision centrale (Bursill, 1958 ; Easterbrook, 1959 ; Kahneman, 1973 ; Landers et al.,1985 ; Rogers et al., 2003 ; Weltman et Egstrom, 1966 ; Williams et al., 1990). Ainsi ces troubles attentionnels se traduiraient par des difficultés du danseur à identifier et à réagir promptement aux indices environnementaux les alertant d’un risque particulier.

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