Décorateurs (pour le théâtre)

Au moyen âge, dans les mystères représentés en plein air, c’est sur l’échafaud même, recouvert de toile ou de papier, que les peintres brossaient de naïfs et rudimentaires décors. Encore faut-il voir là une rare exception. Comme l’auteur faisait, sans aucun scrupule, changer jusqu’à huit ou dix fois le lieu de l’action, comme on représentait parfois dans la même pièce et dans un long espace de temps, des batailles rangées, des villes assiégées, brûlées, livrées au pillage, etc., il fallait bien avoir recours à d’autres procédés. Alors, au début de la pièce, un des auteurs s’avançait et venait exposer d’avance aux spectateurs dans quels endroits allaient se dérouler les événements, et même lui révéler, au besoin, toutes les péripéties de la pièce. C’était le prologue :

  •   Cet habitacle ci-présente
  •   Paradis si nous représente.
  •   Philippe, l’empereur romain
  •   Qui tout homme tient dans sa main,
  •   Est en ce haut palais assis … Enfin, on suppléait parfois à ces prologues par des écriteaux qui désignaient les divers lieux où se transportaient successivement les personnages :
  •   Afin d’ennui, nous nous tairons
  •   Présent des lieux. Vous les pouvez connaître
  •   Par l’escritel que dessus voyez estre… Au commencement du règne de Louis XIII, des toiles peintes et tendues sur châssis fixes inaugurèrent le décor actuel. On eut aussi l’idée de donner une disposition oblique aux châssis disposés des deux côtés de la scène. Auparavant parallèle à la muraille, on les décomposa en plusieurs parties qui, placées en biais, se présentèrent presque de face aux spectateurs, et, tout en dissimulant les murs du fond, laissèrent des espaces libres pour l’entrée et la sortie des acteurs.

La règle des trois unités, qui date du dix-septième siècle, simplifia le travail des décorateurs ; il n’eut plus à fournir que deux ou trois décors, palais, jardin, rue, salon, suffisants pour représenter une multitude de pièces. Parmi les peintres qui se distinguèrent alors dans l’art du décor, il faut citer surtout Torelli et Vigarani, appelés de Rome par Mazarin ; Bérain, qui brossa les décors d’Esther ; Servandoni ; Boucher ; Fragonard ; Pietro, Algieri, qui figure, en 1760, dans le personnel de l’Opéra avec le titre de « peintre pour décorations ». A la même date, le sieur Duclos est dit « décorateur machiniste de la Comédie italienne ».

Voyez Théâtre.
Dictionnaire historique des arts, métiers et professions. Exercés depuis le 13 siècle. Alfred Franklin, E. Welter éditeur, 1906

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