Danse théâtrale

C’est de la Grèce, ce berceau de la civilisation moderne, que nous vient la danse théâtrale. « Les anciens, dit Blasis, donnèrent une preuve de leur goût et de leur jugement en faisant les distinctions qui subsistent entre les styles divers des danses théâtrales ; ils virent qu’il était nécessaire d’avoir plusieurs sortes de danses, et ils les divisèrent de la manière suivante : le cordax, le sicinnis et l’emméléia. L’emméléia était un mouvement tragique ou baller dont l’élégance et la majesté sont très célébrées par Platon et les autres grands hommes qui font mention de son usage. Le sicinnis était ainsi appelé à cause des secousses du corps et des violents mouvements des membres. Cette danse doit être considéré comme le style grotesque. Le cordax était une danse libre introduite dans les comédies, et dansée par des personnes échauffées par le vin. Cette danse était sans dignité et sans décorum ; ses mouvements étaient grossiers et ridicules ; ceux qui la pratiquaient faisaient les mouvements les plus indécents avec les hanches, le dos et les reins : c’est pourquoi je suppose qu’on peut comparer cette danse à la danse dithyrambique des anciennes bacchantes ; enfin, on chantait certaines chansons d’un caractère furieux et violent en l’honneur de Bacchus, et on les accompagnait de la danse que nous venons de décrire. Outre ces trois sortes de danse pyrrhique ou guerrière. Cette danse imitait les mouvements et les positions du corps à l’aide desquels on évitait les blessures ou les dards d’un ennemi, c’est-à-dire en se courbant, fuyant, sautant et s’arrêtant. Les attitudes du parti qui attaque étaient décrites, le coup de javelot, ainsi que les postures pour blesser avec l’épée. » Les Romains, moins artistes que les Grecs, connurent aussi la danse au théâtre, mais ne paraissent pas lui avoir fait faire de progrès. Il faut arriver ensuite jusqu’à la Renaissance et à l’enfantement du ballet moderne pour retrouver la danse scénique, qui allait alors acquérir un éclat et un développement sans précédents. Les ballets dansés à la cour de nos rois, Henri III, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, la portèrent à un point de splendeur inouï, et la création de notre Opéra, où elle prit aussitôt une place extrêmement importante, lui conserva toute sa supériorité. De l’Opéra elle se répandit sur les autres théâtres, la Comédie-Française, la Comédie-Italienne, l’Opéra-Comique, où, quoique dans les proportions moindres, elle trouva le moyen de briller encore. Aujourd’hui, à Paris, ce n’est guère qu’à l’Opéra que la danse a conservé son ancien éclat, bien que certains théâtres, entre autres l’Opéra-Comique, la Porte-Saint-Martin, le Châtelet, l’emploient d’une façon accessoire. En province, quelques théâtres se faisaient beaucoup remarquer sous ce rapport il y a un siècle, particulièrement ceux de Lyon et de Bordeaux. A l’étranger, un théâtre surtout est resté fameux depuis deux siècle pour sa supériorité en matière de danse, c’est celui de la Scala, de Milan, célèbre par ses grands ballets d’ensemble, et qui, comme notre Opéra, est pourvu d’une école de danse où se conservent les bonnes traditions de l’art.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


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