Danse (Maîtres de)

Maîtres de Danse

Mentionnons d’abord pour mémoire, que la Taille de 1292 cite, parmi les plus humbles imposés de Paris, un baleteur qui pourrait bien avoir été une sorte de maître de danse. Rappelons aussi que la première fête de cour à laquelle on puisse donner le nom de bal eut lieu en 1385, à l’occasion du mariage de Charles VI avec Isabeau de Bavière.
Passons au seizième siècle. D’Aubigné et Tallemant des Réaux nous ont révélé la passion de Sully pour la danse : « Tous les soirs, la Roche jouait sur le luth des danses du temps, et M. de Sully les dansait tout seul, avec je ne sais quel bonnet extravagant en tête ». Il est vrai que Sully avait à peine cinquante ans quand Henri IV fut assassiné. Nous savons encore par Tallemant qu’à cette époque, ce n’étaient pas les hommes qui invitaient les dames, mais que les dames choisissaient elles-mêmes leurs danseurs. Louis XIV aima fort la danse. Il avait eu pour maîtres d’abord Henry Prevost, puis Charles de la Motte, et Louis Lasseré. Les maîtres à danser, alors dits baladins, appartenaient encore à la communauté des joueurs d’instruments ; mais, en mars 1661, fut créée l’académie de danse, composée, disent ses premiers statuts, des treize plus anciens et plus expérimentés maîtres à danser, et plus experts au fait de la danse ». Je vois cités parmi eux « François Galland, sieur du Désert, maître ordinaire de la reine, et Jean Renaud, maître à danser de Monsieur, frère du Roy ». Une trentaine d’années après, les professeurs les plus célèbres étaient MM. de Beauchamp, maître de ballets du roi ; Raynal, maître des enfants de France ; et Pécourt, maître des pages de la chambre.
Ces artistes en vogue allaient donner leurs leçons accompagnées d’un serviteur qui portait le violon. Ils se faisaient payer fort cher. Regnard nous l’apprend dans sa farce du Divorce, jouée au théâtre italien en 1688 : « Colombine. Un demi louis d’or pour une leçon ! On ne donnait autrefois aux meilleurs maîtres qu’un écu par mois. Arlequin, . Il est vrai ; mais dans ce temps-là, les maîtres à danser n’étaient pas obligés d’être dorés dessus et dessous comme à présent, et une paire de galoches était la voiture qui les menait par toutes la ville ». Pourtant, s’il faut en croire la princesse Palatine, l’art de la danse était beaucoup moins apprécié qu’aux beaux jours de la jeunesse de Louis XIV. Elle écrivait le 14 mai 1695 : « La danse est maintenant passée de mode partout. Ici en France, aussitôt qu’on est réuni, on ne fait rien que de jouer au Lansquenet. Les jeunes gens ne veulent plus danser ». Ceci restait vrai vingt ans après, car Nemeitz, racontant son voyage à Paris constatait que l’ « on voit peu de Français qui dansent bien et qui ont envie d’apprendre à danser ; on trouve dans une salle de danse dix étrangers contre un Français ». Ce qui ne l’empêche pas d’ajouter : « Tout le monde apprend aujourd’hui à danser un menuet ; c’est au point que, même les compagnons cordonniers et tailleurs prétendent y exceller ».
A la fin du dix-huitième siècle, les maîtres les plus recherchés étaient les sieurs :

  •   Chevalier, rue Saint-Honoré, qui tenait chez lui, les dimanches et fêtes, des « assemblées bourgeoises depuis six heures du soir jusqu’à dix. Prix 1 livre 10 sous ».
  •   Vestris, rue Saint-Honoré, « un des premiers danseurs de l’Opéra et des plus célèbres de l’Europe pour la grâce et l’aplomb ».
  •   Delaval, rue Basse-du-Rempart, maître à danser des enfants de France.
  •   Garder, rue Villedo, « un des plus célèbres danseurs de l’Europe ».
  •   Lany, rue Saint-Louis du Louvre, maître de ballets de l’Opéra.
  •   Pitrot, rue Comtesse-d’Artois, maître de ballets de la Comédie italienne.
  •   Lyonnois, rue Montmartre. « Un des premiers danseurs de l’Opéra pour les hautes danses et les furies ».
  •   Baltazard, rue de Cléry, « renommé pour le menuet ».

Voyez Instruments (Joueurs d’) et Musique.
Dictionnaire historique des arts, métiers et professions. Exercés depuis le 13 siècle. Alfred Franklin, E. Welter éditeur, 1906


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