Crescendo

Gérondif du verbe latin crescere.

Il signifie : en augmentant progressivement la sonorité dans une phrase musicale.
Par abréviation, on écrit cresc.
Terme italien francisé par l’usage. On dit : le crescendo. Descrescendo et diminuendo sont les opposés de crescendo et signifiant : en diminuant le son.
Dictionnaire de musique. Paul Rougnon. 1935

Participe du verbe transitif italien crescere = accroître,
Employé comme adverbe pour prescrire une augmentation graduelle de l’intensité du son, et comme nom masculin pour désigner le procédé lui-même. Il n’est pas douteux que le Crescendo n’ait été pratiqué,dans le chant, depuis une époque reculée, mais son indication dans l’écriture est relativement récente. Couperin regrette (1713) que le clavecin soit un instrument dont « on ne peut enfler ni diminuer les sons ; d’autres instruments le pouvaient donc. Tosi (1723) en parle comme d’un procédé déjà ancien. On le trouve indiqué dans les œuvres du claveciniste Platti (1742) et figuré, ainsi que, le descrescendo, par un signe spécial, dansle traité du violoniste Geminiani (1749). Gossec écrit le mot crescendo en toutes lettres dans la partie de violon de ses Trios, op. 1, publiés à Paris en 1752. La même année, il est fait mention d’un effet d’augmentation graduelle du son dans le Te Deum de Calvière, exécuté à Paris. L’emploi qu’en fit Stamitz dans l’orchestre de Mannheim, après 1755, lui fut donc probablement suggéré par les souvenirs de son séjour en France. L’application élémentaire du Crescendo est celle qui l’associe à une progression mélodique ascendante. En 1811, le compositeur italien Mosca plaça dans un de ses opéras un effet de Crescendo qui fut, peu après, reproduit fortuitement ou imité par Rossini, avec un succès éclatant. Pendant quelques années, le Crescendo fut un élément infaillible de succès pour les finales d’opéras. Dans la musique instrumentale, Beethoven en avait usé avec toute l’originalité de son génie. Il n’est aucun musicien qui n’ait présent à la mémoire l’extra-ordinaire Crescendo qui relie le scherzo au finale, dans la Symphonie en ut mineur (1808). (Voyez aussi Expression.)
Dictionnaire de musique, Michel Brenet, 1926

Ce mot italien signifie en croissant, en augmentant. Le crescendo consiste à prendre le son avec autant de douceur qu’il est possible, et à le conduire par degrés imperceptibles jusqu’au plus grand éclat. Cet effet est fort beau, et termine bien une symphonie. Presque toutes les ouvertures d’opéra arrivent à leurs derniers effets par un crescendo.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872

Dans un intéressant article paru ici même le 15 octobre 1910 M. Michel Brenet a essayé de retrouver les plus anciens exemples de l’emploi du crescendo en France. Sans doute les partitions sont en général dépourvues de tout signe dynamique, mais il est évident qu’on s’inquiétait fort de pareilles nuances, à une époque où le goût recherchait avant tout l’expression, et que la chose existait sans contexte. Mais il y a plus, le mot lui-même se rencontre dès 1752 dans une œuvre qui n’est pas sans importance : le premier trio de Gossec.


 
La partie de premier violon porte en effet à la 27° mesure de l’allegro initial la mention suivante :
Le mot même se trouve confirmé par l’allure de la phrase musicale : le crescendo porte sur trois mesures ; suit un descrescendo fort net, quoique non indiqué, à la quatrième mesure. Le fait que Gossec connaissait le crescendo en 1752 – l’année où M. Brenet le signale dans le Te Deum de Calvière – est assez significatif dans la querelle qui se livre actuellement autour des origines de la dynamique musicale. Si Gossec, encore très jeune, a employé le terme même de crescendo, c’est qu’il en avait vu des exemples autour de lui, c’est que la chose avait été pratiquée avant le séjour de Stamitz, c’est qu’enfin la musique française n’avait rien à apprendre sous ce rapport de l’école de Mannheim.
Il serait intéressant de noter les influences que Gossec avait pu subir à Paris ; il paraît certain qu’en 1752 il était violoniste, dans l’orchestre de La Poupelinière, mais non directeur de cet orchestre, dont il ne prit la tête qu’après le séjour de Stamitz chez le fermier général. En dehors des souvenirs contemporains, aucun document ne mentionne Gossec dans ce milieu avant 1760 ; nous savons que le 31 juillet 1760 le curé de Passy fit condamner par défaut Gossec à une amende de 34 livres dix sols et aux dépens. Les causes ne sont pas énoncées, mais LA Poupelinière est « réputé débiteur des dites sommes ». Toute la jeunesse de Gossec présente encore bien des points obscurs et nous y reviendrons ultérieurement. L’analyse de ces trios – d’une inspiration assez sèche d’ailleurs – montrerait le fréquent usage de ces Forte et de ces Piano en contraste, qui nous est présenté comme l’une des « manières » caractéristiques de l’école de Mannheim. On en trouvera surtout la preuve dans le double menuet du second trio. Ce n’est donc pas en Allemagne, mais en France ou en Italie que Gossec débutant aura rencontré ses modèles.
Il est probable que de nouveaux exemples contemporains ou même antérieurs du crescendo en France nous serons bientôt révélés. Ainsi s’accumuleront peu à peu les arguments en faveur de l’ancienne musique symphonique française qui a sa vie réelle et qui porte en elle même assez d’armes pour répondre à tous.
Revue musicale mensuelle, 1911

Italien de nuance qui signifie que l’intensité du son doit progressivement augmenter. (Contraire de decrescendo)


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