Coviello

Un des sept masques principaux de l’ancienne comédie italienne. Déjà connu et aimé de la foule, il fut rendu célèbre à Rome par Salvator Rosa, qui, au carnaval de 1639, s’avisa de revêtir son costume et, sous le nom de signor Formica, charlatan de profession, amusa toute la ville pendant plusieurs jours par ses lazzi, son esprit incisif, ses épigrammes et ses saillies incessantes, au point qu’il en faisait déserter tous les spectacles, jusqu’aux plus populaires. Poète, musicien, comédien, satirique plein de verve, Salvator, sur son char renouvelé de celui de Thespis, enchantait et révolutionnait la Rome des papes, comme certains bateleurs et pantomimes avaient enchanté la Rome des Césars. Le peuple applaudissait avec frénésie les traits de satire qu’il dirigeait contre les grands, tandis que ceux-ci prenaient plaisir à lui entendre chanter, en s’accompagnant du luth, dont il jouait admirablement, les ballades napolitaines qui jouissaient alors d’une si grande vogue. Salvator, qui a tracé le portrait de Coviello, disait que son esprit doit être aussi subtil que l’air de l’Abruzze, qui lui a donné naissance. Adroit, souple, vaniteux, sorte de Protée, dans son caractère, dans ses manières, dans son langage, il conserve toujours l’accent et le costume de son pays. Sa veste de velours noir, avec les culottes de même étoffe, ornées de boutons d’argent et d’une riche broderie, devaient faire paraître avec avantage une taille élégante et former un contraste marqué avec son masque à joues cramoisies, au nez et au front noir. On assure qu’au commencement du présent siècle, le type de Coviello figurait encore parfois dans les canevas des marionnettes italiennes, où il remplissait un rôle assez semblable à celui de l’ancien Capitan ; comme son caractère, son costume était alors transformé, et il portait un chapeau noir empanaché de trois plumes rouges, un pourpoint à crevés rouges, des chausses noires avec une trousse rouge et jaune, un manteau rouge, puis les gants, les bottes à entonnoir, le baudrier et l’épée du Capitan.
On sait que Molière s’est emparé de Coviello dans le Bourgeois gentilhomme ; il en a fait un valet, une sorte de Gros-René très proche parent de celui du Dépit amoureux.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


Médecine des Arts®    
715 chemin du quart 82000 Montauban (France)
Tél. 33 (0)563200809 Fax. 33 (0)563912811
E-mail : mda@medecine-des-arts.com

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique