Coquettes (Grandes)

Un des emplois féminins dans la comédie. On peut presque dire que cet emploi est de création récente, car dans le répertoire classique on ne donnait cette qualification de grandes coquettes qu’à cinq ou six rôles typiques qui rentraient dans l’emploi des premiers rôles et qui étaient les suivants : Célimène, du Misanthrope, Céliante, du Philosophe marié (Destouche), Silvia, des Jeux de l’amour et du hasard (Marivaux), et Mme de Martigues, de la Coquette corrigée (La Noue) et de l’Amant bourru (Monvel), auxquels on joignait volontiers Elmire, de Tartuffe. Pendant longtemps les engagements de premier rôle femme, en province, portaient que l’artiste jouerait les rôles de coquettes que nous venons de désigner. Ce n’est guère qu’à partir des environs de 1830 et du mouvement romantique, qu’on vit surgir ce nouvel emploi, toujours assez mal défini d’ailleurs, les rôles étant de nature et d’importance très inégales. La nouvelle école employait dans ses pièces beaucoup plus de personnages que le théâtre n’en comportait précédemment ; c’est ce qui donna naissance à cette nouvelle classe de rôles, qui formèrent comme une sorte de doublure de l’emploi des premiers rôles, et que l’on baptisa du nom de grandes coquettes et seconds rôles. Certains rôles de ce genre rentrent, par le fait, dans l’emploi des premiers rôles proprement dits : tels sont Mme de Miremont de la Camaraderie (Scribe), Mme de Nohant du Mari à la campagne (Bayard), Léona de la Closerie des Genêts (Fr. Soulié), Mme de Léry d’un Caprice (Musset), Jacqueline du Chandelier (id.), Marianne des Caprices de Marianne (id.), Laïs du Joueur de Flûte (M. Augier), la Marquise d’Auberive des Effrontés (id.). Parmi les véritables coquettes, il faut classer la duchesse de la Grande Dame (Scribe), Marceline de Diane de Lys (Al. Dumas fils) et la baronne d’Ange du Demi-Monde (id.). Après Mlle Mars, qui fut une Célimène et une Elmire incomparable, il fallait arriver jusqu’à Mme Plessy pour voir tenir ces deux rôles écrasants avec une véritable supériorité. Quant aux coquettes modernes, elles ont été personnifiées avec un talent bourgeois, mais d’une finesse exquise, par Mme Allan, avec beaucoup d’esprit et d’autorité par Mlle Nathalie, avec une beauté fière et toute patricienne, une élégance suprême, par Mlles Denain et Marquet. Pour Mme Plessy, elle était aussi parfaite, aussi accomplie dans un genre que dans l’autre.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


Médecine des Arts®    
715 chemin du quart 82000 Montauban (France)
Tél. 33 (0)563200809 Fax. 33 (0)563912811
E-mail : mda@medecine-des-arts.com

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique