Convention

Terme d’art plastique

Substantif féminin
Espèce d’accord tacite suivant lequel le spectateur d’un ouvrage du ressort des arts d’imitation admet certaines fictions et certaines abstractions auxquelles l’artiste a été contraint, ou a jugé convenable d’avoir recours, et consent à remplir de certaines conditions, sans lesquelles il ne pourrait éprouver les sensations que l’art a pour objet de produire.
Ainsi, pour jouir de la vue d’un tableau où sont représentés des personnages autour desquels on tournerait, et qu’on verrait également bien sous tous les aspects s’ils étaient tels en effet que dans la nature, il est convenu qu’on se placera à distance et au point de vue que le peintre aura déterminés. S’il s’agit de figures plus petites que nature, d’un portrait en miniature, par exemple, nous jugerons de la ressemblance de ce portrait avec le modèle, sans avoir égard à la différence des dimensions ; cette différence était une chose convenue d’avance. Par la même raison, nous ne nous récrierons pas contre l’immobilité perpétuelle des personnages occupés d’une action qui devrait se composer d’une action qui devrait se composer d’une succession infiniment rapide de mouvements ; et nous admettrons les artifices, les mensonges du clair-obscur, par lesquels l’artiste est réduit à suppléer au défaut de teintes brillantes et subtiles comme la lumière, que ne peut lui fournir sa palette ; de même qu’en lisant la traduction d’un poète grec ou latin on se contente des équivalents que la traducteur a été obligé d’employer à défaut d’expressions et de formes de phrases exactement semblables, égales en grâce, en énergie, en précision, à celles de l’auteur original. Ainsi, dans l’impossibilité de donner à ses plus grandes lumières un éclat, une vivacité égale à la vivacité et à l’éclat des rayons du soleil, le peintre, pour conserver la dégradation successive de lumière, par laquelle se manifestent aux yeux de la forme des objets et leur position respective, suivant les lois de la perspective aérienne, est obligé de donner à ses ombres plus d’intensité qu’elles n’en ont dans la nature, agissant en cela comme le musicien qui transpose d’un ton plus bas les airs trop élevés pour sa voix. Ce qu’on appelle beau idéal est en grande partie fondé sur ce que nous entendons ici par convention.
Le mot convention s’emploie dans un sens moins favorable, quoique peu différent, pour exprimer la pratique fausse de certains peintres qui se sont fait une manière de représenter ou plutôt de signifier les objets par des formes et des couleurs qui ne sont pas celles de la nature, comme s’ils étaient convenus avec les spectateurs que ceux-ci prendraient certaines masses informes et certaines couleurs de fantaisie pour le signe représentatif des membres et des carnations des personnages de leurs tableaux. On dit, dans ce sens, dessin de convention, couleur de convention.
Cette dernière acception du mot convention est la plus ancienne et la plus généralement admise.
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911


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