Contresens

nom masculin
Vice dans lequel tombe le musicien, quand il rend une autre pensée que celle qu’il doit rendre. La musique, dit M. d’Alembert, n’étant et ne devant être qu’une traduction des paroles qu’on met en chant, il est visible qu’on y peut tomber dans des contre-sens ; et ils n’y sont guère plus faciles à éviter que dans une véritable traduction. Contre-sens dans l’expression, quand la musique est triste au lieu d’être gaie, gaie au lieu d’être triste, légère au lieu d’être grave, grave au lieu d’être légère, etc. Contre-sens dans la prosodie, lorsqu’on est bref sur des syllabes longues, long sur des syllabes brèves, qu’on n’observe pas l’accent de la langue, etc. Contre-sens dans la déclamation, lorsqu’on y exprime par les mêmes modulations des sentiments opposés ou différents, lorsqu’on y rend moins les sentiments que les mots, lorsqu’on s’y appesantit sur des détails sur lesquels on doit glisser, lorsque les répétitions sont entassés hors de propos. Contre-sens dans la ponctuation, lorsque la phrase de musique se termine par une cadence parfaite dans les endroits où le sens est suspendu, ou forme un repos imparfait quand le sens est achevé. Je parle ici des contre-sens pris dans la rigueur du mot ; mais le manque d’expression est peut-être le plus énorme de tous. J’aime encore mieux que la musique dise autre chose que ce qu’elle doit dire, que de parler et ne rien dire du tout.
Dictionnaire de musique, J.-J. Rousseau, 1767


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