Constantin Hermoniaque

Hermoniaque composa donc un arrangement populaire de l’Iliade

Poète du XIVe siècle

Tout ce que l’on sache de ce poète de cour épirote, c’est que le Despote d’Epire, l’Italien Jean (Orsini) II Comnène Angelodoukas (1323-1335), un tyran qui souhaitait étaler son hellénisme auprès de ses sujets grecs, le chargea « de mettre en toute clarté les rhapsodies d’Homère, écrites en mots difficiles ». Hermoniaque composa donc un arrangement populaire de l’Iliade en 24 rhapsodies et 8779 octosyllabes trochaïques non rimés, adaptation qui reprend, outre l’épopée homérique, des éléments héroïques, blibliques et médiévaux. Les légendes qui précèdent et suivent l’épopée proprement homérique constituent une part non négligeable de l’œuvre. Elles commencent par une Vie d’Homère arrachant les yeux de Polymestor et tuant ses huit fils. Le mince apport de l’auteur se limite à des commentaires moraux, ou à des adaptations, parfois anachroniques (Achille, par exemple, est présenté comme le souverain des Bulgares et des Hongrois).

Hermoniaque transcrit parfois Homère mot pour mot ; plus souvent, il tend à résumer, évite les scènes faisant intervenir les dieux de l’Olympe, mais garde en général les épithètes homériques. Il semble avoir travaillé non sur le texte d’Homère mais sur une paraphrase de l’époque ; il a utilisé les Allégories sur l’Iliade de Jean Tzétzès (XIIe siècle), ainsi que la chronique rimée de Constantin Manassès. Il montre une certaine connaissance des tragédies de Sophocle et d’Euripide, notamment dans le passage sur la folie d’Ajax.

Considéré comme littéralement médiocre depuis l’époque byzantine, cette Iliade abonde en fautes de syntaxe ; sa langue est un étrange mélange de mots archaïques et de termes populaires ; entreprise en quelque sorte vouée à l’échec dès lors que, sans doute inspirée par le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, elle choisit de s’écrire en octosyllabes iambiques, mètre fait pour les poèmes anacréontiques et satiriques et non pour l’épopée. Le sentiment poétique y fait défaut, et les vers d’Hermoniaque sont plats : « Le jour toucha son terme, / la nuit survint aussitôt » rappelle le Pyramus du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare : « Ô nuit ! ô noire nuit, noire comme la noirceur du corbeau, / Ô nuit qui viens toujours quand le jour disparaît ! »

Le principal intérêt de cette Iliade, bien qu’elle soit comme l’antimodèle de l’œuvre authentique, est de l’avoir rendue accessible : on en conserve trois manuscrits et elle fut imprimée à Venise en 1526.
J-C Polet Patrimoine littéraire européen


 

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique