Clown

Terme générique pour désigner un artiste maquillé et vêtu de façon grotesque. En réalité, le clown ne devrait représenter que le clown blanc en opposition à l’auguste.

Mot anglais dont l’usage est passé dans notre langue, et qui sert à désigner un acrobate d’une grande adresse, d’une grande souplesse, d’une grande agilité, ayant pour spécialité non seulement d’étonner le public par les exercices les plus surprenants, mais encore de l’égayer par les dislocations les plus bizarres de son corps et les lazzi les plus incohérents et les plus burlesques. Il n’est pas un cirque, un manège qui n’ait à son service au moins un ou deux clowns chargés de varier le spectacle entre les exercices équestres et d’exciter le rire et les applaudissements des spectateurs par leurs cabrioles étranges, leurs tours d’équilibre prodigieux et leurs plaisanteries fantasques. Les Anglais sont véritablement exceptionnels en ce genre ; on cite un nommé Joa Grimaldi, qui fit naguère les beaux jours du théâtre de Covent-Garden, comme le clown le plus fameux de notre siècle, et chacun a présents à la mémoire les effets surprenants que produisirent, il y a quelques années chez nous, aux Folies-Bergère, les frères Hanlon-Lees dans leurs pantomimes burlesques, particulièrement dans le Frater de village. En France, il faut surtout rappeler le nom d’Auriol, qui, pendant plus de vingt ans, a charmé tous les habitués du Cirque par les tours prodigieux qu’il exécutait avec une aisance, une grâce, une élégance et un esprit merveilleux. Avant lui, on avait applaudi pendant plusieurs années, à la Port-Saint-Martin, un artiste extrêmement remarquable, Mazurier, équilibriste étonnant, était plus et mieux qu’un simple clown : danseur comique de premier ordre, il joignait à ce talent celui d’un mime plein d’expression, excitant tour à tour le rire et les larmes, et dans un petit drame intitulé Jocko ou le Singe du Brésil, après avoir égayé toute la salle, cousu dans sa peau de singe, par les gambades et les contorsions les plus extraordinaires, il arrachait des pleurs de tous les yeux par le spectacle de sa mort, bien que le masque qui couvrait son visage ne lui laissât que le regard et le geste pour exprimer ses angoisses et ses souffrances. Le jeu de Mazurier était si surprenant et produisit tant d’émotion dans Paris, que les Anglais voulurent aussi l’admirer ; il fut engagé pour six semaines au théâtre de Drury-Lane, au pris de douze cents francs par soirée, presque autant que ce qu’on donnait alors à la Malibran. C’est Mazurier, croyons-nous, qui exécuta le premier l’exercice périlleux qui consistait à sauter sur le rebord des loges et des galeries, en costume de singe, et à faire ainsi à quatre pattes le tour de la salle deux ou trois fois, aux divers étages, excitant les cris de joie, ou de gaieté, ou de frayeur des femmes ou des enfants (cet artiste surprenant, qui était à la fois un acrobate merveilleux, un danseur charmant et un mime au eu plein d’expression, mourut à la fleur de l’âge, d’une maladie de poitrine, en 1828, ayant à peine accompli sa trentième année). Quelques années plus tard, vers 1833, un clown anglais, Klischnig, qui était aussi un mime d’habileté, renouvela les exploits de Mazurier à la Porte-Saint-Martin.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


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