Clavecin

Dictionnaire de musique Albert Jacquot

Instrument à corde et à clavier, qui avait trois octaves au XVe siècle, quatre et six octaves au XVIe et au XVIIe siècle, et qui fut surtout amélioré au XVIIIe siècle. Le Père Bonnani dit que Douni, dans son Livre sur la musique (page 4), assure que le Clavecin fut inventé par un certain Nicolas Vicentini, qui vivait du temps du cardinal Hippolyte d’Este, son protecteur, l’an 1492, sous le pontificat d’Alexandre VI. Les cordes du clavecin avaient la même disposition que celles du piano à queue. Les notes blanches du clavier correspondaient au mode lydien grec. Le mécanisme de cet instrument consistait en une tige attachée verticalement au bout de chaque touche et portant à l’extrémité supérieure une languette à bascule terminée par une pointe de plume de corbeau. En abaissant la touche, la corde était pressée et la pointe de la plume la faisait résonner en s’échappant comme un ressort. Dom Bedos, le fameux facteur d’orgues du XVIIIe siècle, affirme que les cinq touches noires n’ont été ajoutées qu’au commencement du XIVe siècle. Dans l’Orféo de Montéverde, en 1607, deux clavecins soutenaient les récitatifs, et depuis ce moment tous les orchestres en étaient munis. Hans Ruckers, d’Anvers, fut le plus célèbre facteur de clavecins du XVIe siècle, et, avant lui, on ne connaît pas de clavecinistes solistes. Ce facteur avait d’abord été menuisier, mais il quitta ce métier pour s’adonner complètement à celui de facteur de clavecins. Cet instrument n’était pas assez perfectionné pour servir de clavecin solo ; mais lorsque Ruckers eut ajouté un troisième rang de cordes correspondant à un deuxième clavier et qui était accordé à l’octave au-dessus des deux autres le son fut dès lors beaucoup plus soutenu.

Les cordes étaient au nombre de cent.

Ruckers eut deux fils : Jean et André, qui excellèrent aussi dans la fabrication de cet instrument. Le Clavecin vertical est de l’invention du florentin Rigoli, qui, vers 1620, garnit de drap les sautereaux, afin d’en rendre le son plus doux. À la même époque, le français Richart, remplaçait les plumes de corbeau par de petites bandes de drap. Farini imaginait aussi démonter les clavecins avec des cordes de boyau ; cet essai fut bientôt abandonné.

Vers la fin du XVIIIe siècle, trois inventeurs produisirent en même temps une amélioration qui décida de l’avenir du clavecin, consistant à substituer des marteaux aux sautereaux ; ce furent Critofori, à Florence, en 1711 ; Marius, à Paris, en 1716 et Schrœder, en Allemagne, en 1717.

Enfin, en 1768, Sébastien Erard, l’homme de génie dont il est tant parlé quand il s’agit de la construction du Piano (Voir ce mot), vint, de Strasbourg où il était né en 1752, à Paris. Il commença sa réputation par un clavecin mécanique, construit spécialement pour le cabinet de curiosité de M. de la Blancherie les dispositions de cet instrument méritent d’être citées ici, et produisirent à cet époque la plus vive sensation dans le monde musical de la capitale.

Ce Clavecin était remarquable par plusieurs inventions : on y trouvait trois registres de plume et un de buffle ; une pédale y faisait jouer un chevalet mobile qui, s’interposait sur les cordes à la moitié de leur longueur, les montait tout à coup d’une octave ; invention qu’un facteur de Paris, nommé Schmidt, a renouvelée dans le piano à l’Exposition des produits de l’industrie, en 1806, c’est-à-dire trente ans après qu’Erard l’eut trouvée. En appuyant par degrés le pied sur une pédale attachée au côté gauche du clavecin, on retirait le registre de l’octave aiguë, celui du petit clavier, celui du grand clavier, et l’on faisait avancer le registre de buffle. En diminuant la pression du pied sur la pédale, on avançait le registre de l’octave aiguë, celui du petit clavier, et l’on retirait le jeu de buffle. Enfin, lorsqu’on voulait faire parler à la fois tous les jeux, on se servait d’une pédale attachée au pied droit du clavecin, sans être obligé d’attirer le petit clavier au-dessus du grand, et conséquemment sans interrompre l’exécution, comme cela se faisait aux autres clavecins.

Le clavecin est composé d’une caisse et d’une table d’harmonie sur laquelle des cordes sont tendues. Une barre règle l’élévation des sautereaux et, par contre, le degré d’abaissement du clavier ; cette barre est étroite et de bois de tilleul ; le dessous est garni de drap, pour empêcher d’entendre le bruit des sautereaux. Le gabarit du clavecin est tout entier en sapin ou en tilleul, excepté les deux chevalets du diapason et ceux situés près des leviers, qui sont en- chêne ; le chevalet de l’octave étant plus bas et, plus rapproché des leviers que l’autre. Le sommier est aussi en bois dur et se trouve fixé très solidement, afin de résister à la tension des cordes. Les sautereaux sont en poirier. Les cordes résonnent à l’aide des petits becs de plume de corbeau dont il est parlé plus haut. Les registres et les guides intérieurs sont en tilleul et ces mêmes registres sont garnis de peau.

On peut dire généralement que Mozart et Haydn furent encore, des clavecinistes, mais qu’avec Beethoven commence le règne du piano.
Dictionnaire des instruments de musique, Albert Jacquot 1886


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