Clair-obscur

Juste distribution de la lumière et des ombres

Terme d’art plastique

Le sens de cette expression, que les mots dont elle se compose semblent devoir rendre facile à saisir, est néanmoins compris par peu de personnes. Cependant, le Dictionnaire de l’Académie définit fort bien le clair-obscur : « L’imitation de l’effet que produit la lumière en répandant des jours sur les surfaces qu’elle frappe, et en laissant dans l’ombre celles qu’elle ne frappe pas ». Comme cet effet de la lumière, plus ou moins abondante sur les diverses parties d’un corps solide, est le seul moyen que nous ait donné la nature d’apercevoir, par le sens de la vue, la solidité et la forme des corps, l’imitation du clair-obscur, c’est-à-dire de la distribution de la lumière, des ombres et des demi-teintes, est la partie constitutive et essentielle de la peinture.

La connaissance des lois physiques, selon lesquelles la lumière, partant d’un foyer donné, tombe, s’étend et se reflète sur les corps, constitue ce qu’on doit appeler science du clair-obscur, laquelle est comprise dans la science générale de l’optique. Cette science positive, ou l’espèce de routine vague qui en tient lieu jusqu’à un certain point, est absolument nécessaire au dessinateur et au peintre qui opèrent sans le modèle, et elle est fort utile même à celui qui ne travaille que d’après modèle, pour lui faciliter le sentiments des effets qu’il a sous les yeux et lui en donner l’intelligence. La manière de disposer les objets d’un tableau, pour en obtenir les effets d’ombre et de lumière les plus harmonieux, les plus agréables à la vue, est ce qu’il faut appeler l’art du clair-obscur, et ce qu’on exprime aussi par entente du clair-obscur.

Peinture en clair-obscur est le tableau d’une seule couleur modifiée par les ombres qui n’imite les objets que sous le rapport de la solidité, comme font les grisailles, lorsqu’elles représentent des fruits, des fleurs, des étoffes, des figures d’hommes, ou des animaux. Quant aux objets monochromes, comme les bas-reliefs en marbre, en bronze, etc., la peinture n’a besoin pour les représenter, sans restriction, que du clair-obscur. Mais, dans les autres tableaux, l’art du clair-obscur se lie à celui du coloris, et aussi à l’intelligence du choix des accessoires, parce que les effets de l’ombre et de la lumière varient suivant la couleur et la nature des corps (Voir Grisaille).
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911

 

Cet assemblage de deux mots qui semblent se contredire sert à désigner en peinture une juste distribution de la lumière et des ombres sans avoir à tenir compte de la variété des nuances, des tons et des couleurs. Les peintures monochromes, telles que les camaïeux, ne produisent de l’effet que par le clair-obscur savamment traité. Un dessin au trait n’est qu’un objet assez froid, il ne peut reproduire la rondeur des saillies ; c’est le clair-obscur qui donne la forme vraie aux objets ; c’est grâce à lui que le peintre peut produire des sortes de trompe-l’œil. Tous les grands peintres ont su tirer un admirable parti du clair-obscur. Les grands coloristes négligent en général l’étude de cette science, qui a été si utile aux grands dessinateurs.

Dictionnaire de l’art, de la curiosité et du bibelot
Ernest Bosc, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1883


 

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