Catastrophe

C’est le nom que les anciens donnaient, dans la poésie dramatique à l’événement qui amenait et formait le dénouement de l’œuvre représentée. La catastrophe constituait donc la dernière partie de l’action dramatique. (Voy. Prostase, Épithase, Catastase.) Voici comment Chamfort définit, caractérise et analyse la catastrophe :
La catastrophe est ou simple ou compliquée, ce qui fait donner aussi à l’action l’une ou l’autre de ces dénominations. Dans la première, on ne suppose ni changement dans l’état des principaux personnages, ni reconnaissance, ni dénouement proprement dit, l’intrigue qui règne n’étant qu’un simple passage du trouble à la tranquillité. On en trouve quelques exemples dans les anciens tragiques ; c’est la catastrophe la plus défectueuse, et les modernes ne l’ont point imitée. Dans la seconde, le principal personnage éprouve un changement de fortune, quelquefois au moyen d’une reconnaissance et quelquefois sans que le poète ait recours à cette situation. Ce changement s’appelle autrement péripétie, et els qualités qu’il doit avoir sont d’être probable et nécessaire. Pour être probable, il fait qu’il résulte de tous les effets précédents, qu’il naisse du fond même du sujet ou prenne sa source dans les incidents, et ne paraisse pas amené ou introduit à dessein, encore moins forcément… Il ne faut pas non plus que la catastrophe soit amenée par une simple réflexion, comme on en voit beaucoup dans les pièces anciennes et dans quelques modernes. Une des règles essentielles de la catastrophe, c’est qu’elle ne doit laisser aucun doute dans les esprits sur le sort d’un personnage qui a intéressé dans le cours de l’ouvrage. Il faut éviter également les discours superflus et les actions inutiles. Elle ne doit jamais laisser les personnages introduits dans les mêmes sentiments, mais les faire passer à des sentiments contraires, comme de l’amour à la haine, de la colère à la clémence. Quelquefois toute la catastrophe ou révolution consiste dans une reconnaissance ; tantôt elle en est une suite un peu éloignée, et tantôt l’effet le plus immédiat et le plus prochain, et c’est , dit-on, la plus belle espèce de catastrophe, quand on passe de la crainte à la pitié, de la rigueur au pardon, et qu’ensuite on retombe, par un accident nouveau, mais vraisemblable, dans l’abîme dont on vient de sortir. Quelquefois la catastrophe se passe sur la scène, aux yeux des spectateurs. Quelquefois elle est mise en récit. C’est la nature des choses, la bienséance et le goût du public qu’on doit consulter dans le choix de ces deux manières.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d ‘Arthur Pougin, 1885


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