Brasage

« Par abus de langage, le brasage est souvent assimilé à une technique de soudage. Il s’agit pourtant d’un procédé fondamentalement différent, tant sur le plan métallurgique que par ses implications toxicologiques » (1). Il est notamment utilisé dans de nombreux secteurs artisanaux et industriels mais également par les artistes plasticiens, sculpteurs.
« La particularité de cette méthode d’assemblage à chaud des métaux , pratiquée au « chalumeau », est de ne faire fondre que le métal d’apport, sans atteindre la température de fusion du métal de base. En d’autres termes, le brasage consiste à appliquer une colle métallique entre les pièces à assembler. Cette définition recouvre aussi bien le brasage tendre (soldering anglosaxon), concernant des opérations se déroulant à moins de 450°, que le brasage fort (brazing) au-delà jusqu’à 800° C environ. L’évaluation des risques des plasticiens dans cette tâche doit comporter également l’analyse des phases préparatoires : ponçage, décapage, usinage, d’autant que les plasticiens utilisent des matériels divers pour leur sculpture (matériaux de récupération, matériaux peints etc.) et des phases ultérieures (piquage, ponçage) à l’acte de brasage lui-même. Le risque toxicologique est celui apporté par les « fumées », terme en général qui rend mal compte de la complexité des composants toxiques présents. « Par définition la fumée comporte des particules solides en suspension dans une phase gazeuse. Cette dernière comporte des gaz (liés notamment à l’action d’une flamme nue sur l’air ambiant) et des vapeurs (liées aux changements de phase composés, lors de l’élévation de la température au-delà du point d’ébullition d’un liquide, voire de sublimation d’un solide, présents dans les matériaux assemblés. »(1)
« L’approche la plus pragmatique pour identifier les dangers potentiels consiste à inventorier les substances et composants chimiques présents dans les différents éléments techniques mis en œuvre. Lors du brasage fort, les substances dangereuses peuvent provenir des métaux de base, des composants des baguettes d’apport qu’ils soient métalliques ou non, des résidus présents sur les surfaces assemblées, appliqués volontairement (flux) ou liés à une mauvaise préparation (peintures, solvants…) »(2)

Les risques pour les artistes plasticiens seront plus précisément présentés sur ce site. Les organes cibles qui peuvent être touchés par cette activité précise sont principalement :
  « Le poumon : l’exposition aux fumées et vapeurs a évidemment pour première cible le poumon. Trois risques méritent d’être pris en considération :•  

  • l’asthme, susceptible d’être induit notamment par la colophane lors du brasage,
  • les atteintes bronchiques chroniques, en particulier après une vingtaine années d’exposition,
  • le risque de cancer reste controversé, mais plusieurs études et méta-analyses retrouvent un risque relatif de 1,3 environ chez les soudeurs.

  La peau est l’œil : au-delà du risque de brûlure et autres traumatismes liés aux activités annexes de soudure, la présence d’ultra-violet a été incriminée dans la survenue de mélanomes cutanés mais aussi choroïdiens. En outre, l’intensité du rayonnement lors du soudage à l’arc induit un risque potentiel de cataracte.
  Le rein : un certain nombre de métaux lourds et métalloïdes ont la propriété de s’accumuler dans la corticale rénale. Des néphropathies à point de départ tubulaire ont ainsi été décrites avec le plomb, le cadmium, le thorium… En outre, l’accumulation de substances classées cancérogènes dans un organe interroge quant au risque de lésion maligne.
  Le système nerveux central : quelques métaux sont suspectés d’induire des altérations neurologiques (manganèse) ou une altération des fonctions supérieures (aluminium). »
  La fonction reproductrice : Si le risque de cancer reste discuté, la bibliographie laisse moins de doute quant à l’existence d’un risque reprotoxique. Deux revues de la littérature confirment l’augmentation du délai de procréation chez les couples dont l’homme est soudeur » (3). L’hypothèse la plus souvent avancée est celle de l’action du rayonnement thermique sur les gonades mâles, mais d’autres éléments pourraient intervenir, les composants métalliques comme le bore, cadmium voire antimoine.
Des examens complémentaires de surveillance de l’exposition et préventif peuvent être mis en place chez les plasticiens soudeurs selon leur pratique qu’il faudra investiguer.

Bibliographie
  1. Michiels F, Bouard F, Rivière C. Le risque toxicologique lors des opérations de brasage dans le secteur du BTP. Arch. mal. prof., fevr 2010
  2. Michiels F, Bouard B, stratégie médicale face à un soudeur. Arch. mal. prof., fevr 2010
  3 Jensen TK, Bonde JP, Joffe M. The influence of occupational exposure on male reproductive function. Occup. Med, 2006 ; 56 : 544-53.

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique