Bordegaraye (Philippe-Bernard de)

Né à Paris en 1648, docteur le 4 décembre 1698, mort à St-Domingue en 1728. Il demeurait en 1720 rue Guénégaud, et était fils de Bernard Bordegaraye, chirurgien à Paris. Il a traduit en vers français la Requête du petit chien Pluton, de Santeuil. Cette traduction se trouve dans les Oeuvres de M. de Santeuil… avec les traductions par différents auteurs. Paris, 1698 ; in-8°, page 16. Pluton était un petit chien favori d’une princesse, mais qui, ayant été atteint de la gratelle, fut relégué au chenil, avec d’autres compagnons. Il recouvra bientôt la santé ; mais son absence lui avait fait perdre les bonnes grâces de sa maîtresse. Dans un moment de bonne humeur, le prince engagea Santeuil à écrire une requête pour l’infortuné Pluton. Le poète se mit à l’œuvre, et eut bientôt versifié son charmant Pluto Catellus ; ad serenissimam Principem expostulatio.
C’était bien osé que de chercher à rendre en français ce joli bardinage. Bordegaraye ne s’en est pas mal tiré :

Epagneuls et Bichons, écoutez mon malheur ;
Et vous qui par mille caresses
Gagnez le cœur de vos maîtresses,

Beaux Doguins, beaux Levrons, partagez ma douleur.
Mon destin m’oblige à me plaindre,
Et je ne puis plus me contraindre.
Je vais tâcher de fléchir le courroux
De mon adorable Princesse.
Si je pouvais regagner sa tendresse,
Que mon sort ferait de jaloux !
Mais, hélas ! ce n’est plus la même
Ce n’est plus ce Pluton qu’elle aime,

Pluton qui fut reçu dans le royale Cour
Avec tant de marques d’amour ;
C’est un banni, dont sa colère
Cause maintenant la misère.

Si cependant, d’un visage plus doux,
Elle veur voir Pluton à ses genoux,
Elle pourrait rompre mes chaînes.
Je lui dirais toutes mes peines ;
C’est à l’infortuné Pluton
Que tout maintenant fait la guerre ;
Du lait tourné est sa boisson ;

Pour ses mets du pain bis, pour son lit c’est la terre.
Eloigné de votre palais,
Je ne suis plus compté du monde.
Est-ce vivre comme je fais ?
Une meute qui toujours gronde,

Auprès de qui, je parais moins que rien,
Et dont l’insolence est extrême !...
Je ne me connais plus moi-même :
Je ne puis plus me nommer chien !

Docteur Achille Chereau. Le Parnasse médical français
Dictionnaire des médecins poètes de la France : anciens ou modernes, morts ou vivants
Adrien Delahaye, libraire-éditeur. 1874


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