Boehner Jean-Louis

Pianiste et organiste

Pianiste, organiste distingué, et compositeur, est né le 8 janvier 1787, à Toesselsiaedt, dans le duché de Gotha. Son père, né à Dietharz dans la forêt de Thuringe, et qui fut pendant plus de quarante ans organiste à Toesselstaedt,lui donna les premières leçons de musique. Le talent qu’il avait reçu de la nature se développa avec tant de rapidité, qu’à l’âge de dix ans il jouait avec habileté de l’orgue, du clavecin et du violon, et que, sans avoir reçu aucune leçon d’harmonie ou de contre-point. Il écrivait de la musique dans le style d’église. Ayant été envoyé à Erfurt pour y faire des études au gymnase, il négligea les lettres et les sciences pour la musique, qui était pour lui l’objet d’une véritable passion. Kluge lui donna des leçons d’orgue, et il apprit la composition sous la direction du maître de concert Fischer. Les fréquentes occasions qu’il eut d’entendre Kittel, un des meilleurs élèves de J.-S. Bach, exercèrent sur son talent la plus heureuse influence.

Déjà il avait acquis de profondes connaissances dans son art, lorsque Spohr fut engagé dans son art, lorsque Spohr fut engagé au service de la cour de Gotha ; cette circonstance détermina Boehner à aller fixer son séjour dans cette ville. En 1808, il alla à Jéna, où son talent le fit rechercher par tous les amateurs de musique : il y fit la connaissance de Goethe et de Falk, et ces deux hommes célèbres goutèrent la tournure de son esprit. C’est à cet époque que l’originalité de Boehner, sa sauvagerie, sa naïveté, commencèrent à être remarquées ; toute sa personne et même la gaucherie de ses manières contribuaient à faire de lui un être extraordinaire font l’esprit observateur de Hoffmann fut frappé.

Cet écrivain de génie eut bientôt aperçu le parti qu’il pouvait tirer d’un tel modèle : il en fit le type de son excellente création du maître de chapelle Kreyssier ; L’originalité de leur esprit, et le goût du vin qu’ils avaient tous deux, eurent bientôt rapproché ces deux hommes singuliers : ce fut, dit-on, dans leurs fréquentes libations que le célèbre romancier fit des études sur Boehner pour son bizarre maître de chapelle.

Décidé à ne pas se mettre dans la dépendance d’une cour, d’un école publique ou d’une église ; Boehner voulut chercher dans le libre exercice de son talent des ressources pour son existence, et les voyages, et les concerts lui parurent le moyen qui pouvait le mieux réaliser ses vues. Il écrivit alors plusieurs morceaux, notamment son concerto de piano en ut majeur (œuvre 10e) pour l’usage de ces concerts, et après les avoir terminés, il visita Erfurt, Meinungen, Hildburghausen, Cobourg, Nuremberg, Erlangen, Würzbourg, etc. ; recueillant partout des applaudissements, et quelque argent que le cabaret ne tardait point à lui enlever. Quelquefois il s’arrêtait, séjournait dans l’endroit qui lui plaisait, et vivait du produit des leçons qu’il donnait aux amateurs.

De retour à Gotha, il y resta peu de temps, et entreprit un second voyage plus étendu qui le conduisit à Stuttgard, Strasbourg, Colmar, puis à Bâle, Zurich et dans presque toutes les villes de la Suisse. Les troubles politiques et le mouvement des armées l’obligèrent à s’arrêter et à suspendre l’exécution du projet qu’il avait conçu d’un long voyage en Italie. Il retourna à Nuremberg, y fut accueilli avec empressement, et y vécut pendant cinq ans, partageant son temps entre la composition et les leçons qu’on lui demandait de toutes parts.

Il y écrivit trois concertos de piano, et un opéra, Der Dreyherrenstein, qui n’a jamais été représenté ni imprimé, et dont on n’a publié que l’ouverture. Pendant son séjour dans cette ville, il fit un voyage dans le Rhin, visita Manheim, Heidelberg, Darmstadt et Francfort, donnant des concerts d’orgue, et faisant admirer son habileté sur cet instrument. Puis l’inconstance de ses goûts le ramena à Gotha, et en 1819 il recommença ses voyages, se rendit à Hambourg, et de là passa en Danemark. L’année suivante il se retira dans le lieu de sa naissance, et depuis lors, il y a vécu seul, éloigné de toute société, n’ayant pour exister que le faible produit de ses ouvrages, et faisant consister tout son bonheur dans l’exercice de son art, et dans ses promenades solitaires au sommet des montagnes ou dans les bois. Toute contrainte, toute obligation ordinaire de la vie lui est insupportable. On assure qu’il occupe son temps à écrire sa propre biographie sous le point de vue original où il se considère lui-même ; si cet ouvrage paraît un jour, il ne manquera pas d’exciter la curiosité, quel que puisse être d’ailleurs le talent de l’écrivain.

Comme instrumentiste, les éloges accordés par les Allemands à Boehner, ne laissent point de doute sur son habileté ; comme compositeur, il ne se recommande guère que par une bonne facture, et l’art de développer des idées peu remarquables. L’originalité manque à sa  pensée, et ce n’est pas un médiocre sujet d’étonnement que de ne trouver que des idées ordinaires dans les productions artistiques d’un homme si peu semblable  aux autres. La fécondité est, dit-on, un des signes caractéristiques du génie ; chez Boehner, elle n’a été que le résultat de laborieux travaux. Singularité assez remarquable, loin de prendre la teinte de l’état morose de l’âme de l’artiste, sa musique est empreinte d’un caractère de gaîté.

Parmi ses nombreux ouvrages, on remarque :

  • 1° Sérénade pour deux violons, alto, flûte obligée, deux cors, basson, violoncelle et contrebasse, op. 9, Leipsick, Breitkopf et Haertel ;
  • 2° Trois marches en harmonie militaire. Augsbourg, Gombart ;
  • 3° Deux recueils de danses à grand orchestre, Ibid ;
  • 4° Des quatuors pour deux violons, alto et basse
  • 5° Une fantaisie avec variation pour clarinette et orchestre ; op. 21. Leipsick, Breitkopf et Haertel ;
  • 6° Variations pour cor, avec quatuor, op. 24, Mayence, Schott ;
  • 7° Concertos pour le piano avec orchestre, œuvres 7, 8, 11, Leipsick, Breitkopf et Haertel
  • 8° Concerto en fantaisie, op. 13, Leipsick, Hofmeister ;
  • 9° Idem., op.14, Ibid ;
  • 10° Quatuor pour piano, violon, alto et basse, op.4, Leipsick, Breitkopf et Haertel ;
  • 11° Sonate pour piano et violon, op. 37, Copenhague, Lose ;
  • 12° Walses à quatre mains, Leipsick, Hofmeister ;
  • 13° Sonates pour piano seul, op. 15, Ibid. ;
  • 14° Fantaisies, caprices, bagatelles, etc, pour piano, op. 19, 22, 31, 91, 92, Leipsick, Hambourg, Francfort et Augsbourg ;
  • 15° Variations pour le même instrument, op. 3, 6, 12, 20, 51, 53, 55, Leipsick, Cobourg, Offenbach, Bonn et Nuremberg ;
  • 16° Recueils de danses et de walses pour le piano, op.4, 36, 43, 44, etc. Leipsick, Bonn, Offenbach, Hambourg, Erfurt et Augsbourg ;
  • 17° Plusieurs recueils de chansons allemandes, avec accompagnement de piano ;
  • 18° Des pièces d’orge ;
  • 19° Des ouvertures à grand orchestre ;
  • 20° Un opéra intitulé : Der Dreyherrenstein ;
  • 21° Des motets

Fétis François-Joseph
Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique
Tome 1. 1860-68


 

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