Blavet

Flutiste né à Besançon en 1700

Célèbre joueur de flûte. Il était né à Besançon en 1700 et dès 1718 on l’invitait à quitter sa province et à venir jouir dans la capitale des succès que ses talents développés et connus ne manqueraient pas de lui procurer. Il ne se rendit pas d’abord aux exhortations de ses amis, soit qu’il désirât de se perfectionner encore, soit qu’il cédât à la force de ces liens délicieux, de ces douces habitudes qui nous retiennent au sein de notre patrie.

Ce ne fut qu’en 1723, que le jeune Blavet se détermina à suivre à Paris M. le duc de Lévis et il n’eut pas lieu de s’en répentir. Il fit la plus grande sensation dans cette ville, où une foule d’amateurs éclairés distinguèrent et accueillirent ses talents.

On n’avait jamais entendu sur la flûte traversière que de très petits airs dénués d’expression, qui ne demandaient qu’un peu de naturel et d’aisance, que donne l’habitude ; on ne soupçonnait pas même la perfection dont cet instrument était susceptible et dont il fut redevable à Blavet. Cet illustre musicien sut en tirer les accords les plus agréables dans ses sonates et dans ses concertos, avec une exécution nette et rapide, exacte et brillante, dont personne encore n’avait donné l’idée. En un mot, les sons de la flûte traversière devinrent sous ses doigts l’imitation parfaite d’une belle voix, et le charme des oreilles sensibles.
Le public se souvient encore du plaisir inexprimable que Blavet lui a fait éprouver pendant plus de trente ans au concert spirituel. A son entrée à l’opéra, on joué Issé. Le premier rôle de cette ingénieuse pastorale était rempli par mademoiselle le Maure, et Blavet partagea les applaudissements que les spectateurs prodiguaient  cette actrice. Blavet ne s’était pas borné à la flûte ; il jouait du basson d’une manière aussi supérieure. Mais, sa poitrine s’étant affaiblie et échauffée au point de lui faire cracher le sang, il se vint contraint de renoncer à ce dernier instrument.

Il a été pendant plus de trente ans ordinaire de la musique du roi. A son arrivée à Paris, M. le prince de Carignan se l’était attaché par un logement et une pension. Il passa quelque temps après au service de M. le comte de Clermont et il a été jusqu’à sa mort surintendant de la musique de ce prince. Blavet réunissait à la fois la pratique et la théorie de son art. Il en a donné des preuves dans la composition de plusieurs morceaux de musique vocale et instrumentale, très bien accueillis du public et surtout des connaisseurs.

Il a souvent travaillé pour les fêtes que M. le comte de Clermont donnait à Berni. C’est pour ces amusements que Blavet a mis en musique les Jeux Olympiques, ballet charmant dont les paroles sont de M. le comte de Senneterre, si connu par les graces de son esprit ; et la Fête de Cythère, petit opéra de M. le chevalier de Laurès. Il a fait aussi le récitatif italien et l’agréable musique du vaudeville du Jaloux corrigé, très joli intermède de M. Colé, qui fut joué dans le temps des bouffons. Ces différents ouvrages de Blavet respirent l’harmonie douce et tendre qu’il mettait dans son exécution sur la flûte traversière.

A des talents admirables, Blavet joignait des vertus respectables. Ses mœurs étaient honnêtes, son caractère tranquille, sa probité scrupuleuse. Il s’était marié à dix-huit ans ; et ce qui est assez rare à cet âge, il eut le bonheur de bien choisir. Lui et son épouse ont été pendant plus de cinquante ans un modèle d’union conjugale. Vers la fin de l’année 1765, la santé de Blavet s’était considérablement dérangée. On crut d’abord que le mal provenait d’une obstruction au foie. Les remèdes, administrés en conséquence, déclarèrent qu’il avait la pierre, sans que l’on parvint à fondre l’obstruction.

Il espéra qu’au moyen du régime le plus exact, il vivrait en paix avec des deux ennemis. Des douleurs excessives et continuelles le forcèrent enfin à tenter le succès de cette fameuse opération que la chirurgie moderne a si heureusement perfectionnée. Il s’y résolut avec courage et la soutint avec fermeté ; mais il était trop tard, l’opération ne servit qu’à lui ôter une cause qui était jointe à une complication de plusieurs malafies mortelles. On ne peut trop louer la patience et la résignation avec lesquelles il a vu sa fin approcher. Il eut mort en 1768, emportant avec lui l’estime et les regrets de tous ceux qui l’on connu.

Dictionnaire des artistes ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs. Ouvrage rédigé par M. l'Abbé de Fontenai. 1776


 

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