Bazille (Emile)

Chirurgien militaire fort distingué. L’Annuaire militaire fait connaître qu’il était en 1869 aide-major de 1re classe à l’hôpital militaire de Teniet-el-Haad (Algérie). La témérité des bibliomanes n’a pas de limites : si M. Bazille n’est pas réellement l’auteur de la pièce dont on va lire des fragments, et qui a été publiée sans signature dans la Gazette médicale de l’Algérie (1862, n°4), nous nous résignons à faire amende honorable ; si au contraire, nous n’avons pas été trompé, nous prions notre excellent confrère de nous pardonner cette indiscrétion.

La Médecine Campagnarde

Vézélay, lisière du Morvan, juin 18…
A mon excellent Confrère X…

Tu veux, mon docte ami, la peinture fidèle
Des luttes que notre art, en ce pays rebelle,
Soutient !... C’est incroyable ! et pourtant vérité !
As-tu jamais douté de ma sincérité ?
En face du soleil, donc bien haut je proclame
Que, pour l’âne bâté qui s’appelle manant,
Plus on est ignorant, plus on vous dit savant !

Sur un front de quinze ans, ornement du village,
Quand Nosos fait planer un sinistre présage,
Vers le toit médical, un père de famille,
Une mère éplorée, accélérant ses pas,
Accourent, s’écriant : « Docteur, sauvez ma fille ! »
Erreur ! grossière erreur ! On attend… Le voisin
Est d’abord prévenu. Puis, maint autre témoin
Vient, augmentant le cercle autour de la malade,
Apporter un conseil : l’un dit « qu’une pommade
A la bouse e vache », appliquée en ce lieu,
En a guéri plusieurs, par la grâce de Dieu !
Sitôt dit, sitôt fait ! La masse chancelante
Sur l’abdomen s’étend en nappe verdoyante.
Un second, rappelant les savants plaidoyers
Que pour deux fois cinq francs on débite à Noyers,
Conseille à la pauvrette, en guise de tisane,
De boire son urine avec fleurs de bardane.
En vain les assistants se dressent à ce mot !
Le breuvage doré se décante, et bientôt
La  malheureuse enfant, en proie à la torture,
Avale, en grimaçant, la bienfaisance ordure.

Cependant si, malgré ces moyens merveilleux,
Ces agents… parfumés, il ne vient point de mieux,
Le désespoir conduit… chez moi… ! non pas encore !
On prévient… le curé !
Chez nous, la gent pécore
Et pieuse, en deux camps, parfaitement tranchés,
Se partage. Les uns que je vénère assez
Pour les mettre à l’égal des bienfaisants génies
Dont la voix filtre au cœur de douces harmonies,
Versent le baume saint de la religion,
Sans parler… de tisane et de purgation !
Hommes sacrés ! telle est la mission céleste
Que Dieu vous envoya de là haut ! mais, la peste
Soir de ces faux dévots, dont la béate main
Ose, indigne mélange ! (est-il plus grave injure
Que puisse faire au Ciel un serviteur parjure !)
Confondre l’huile sainte et l’huile de ricin !

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C’est ainsi, cher ami, que les fils d’Esculape
Ne sont jamais mandés qu’alors que la mort frappe.
Trop tard ! trop tard ! qu’importe à ces gens sans vertu ?
Avant tout ils voulaient... épargner un écu !

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Ami tu le vois bien, en ce pays bâté,
On croit à tous les dieux, Hippocrate excepté !

Docteur Achille Chereau. Le Parnasse médical français
Dictionnaire des médecins poètes de la France : anciens ou modernes, morts ou vivants.
Adrien Delahaye, libraire-éditeur. 1874


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