Barbette (Augustin)

Né à Niort (Deux-Sèvres), le 17 février 1797, docteur en médecine, inspecteur de la pharmacie dans les Deux-Sèvres, et ancien président de la Société de médecine de Niort. M. Barbette a donc dépassé soixante-seize ans. On ne le dirait guère à la voir rimer comme un jeune homme, toujouts sous une forme fine, plaisante et caustique. Son Lapin mousquetaire, ou Recette du cuisine, est une badinerie fort amusante, en 62 vers, où

Est résolu le grand problème
Du rôti le plus succulent,
D’un mets délicieux que le divin Carême
Ne sut pas préparer malgré son beau talent.

Le Dialogue entre un ci-devant jeune homme qui voudrait être aimé pour lui-même, et sa maîtresse qui ne voulait l’aimer que pour son argent, est une pièce d’une bonne facture, agréablement tournée. On rit de bon cœur en entendant le vieux Céladon vanter : ses cheveux… d’autreofis ; ses traits… dont le printemps remonte à soixante ans ; ses dents… en ozanore ; sa peau… de vieux parchemin ; sa tournure façonnée au corset ; ses jambes… en échasses ; son esprit, enfin, à défaut d’avantages physiques.

Basile, ton langage
Est un vrai radotage :
C’est celui d’un vieillard
Prétentieux, bavard.
Ainsi donc, dans ta bourse
Est ta seule ressource,
Ton corps et ton esprit
N’ayant plus de crédit.

Enfin, M. le Docteur Barbette a écrit une Epître au docteur Tillé (voy. Ce nom), un des médecins-poètes les plus distingués du Poitou. Cette Epître a une histoire, que voici :
Un médecin de la localité, le Docteur X…, est entiché de magnétisme et spiritisme ; il en rêve sans cesse, il en maigrit. Les plaisanteries, les quolibets ont plu comme grêle sur sa tête, lancés par des confrères moins crédules, entre autres par le Docteur Tillé, qui s’est escrimé en vers, bien entendu, et par le Docteur Moussaud, qui, sous le pseudonyme de Gatepois, jardinier à Saint-Martin, s’est armé, lui, de la vile prose, mais en patois poitevin. Prenant en pitié le malheureux docteur X…, le septuagénaire Docteur Barbette se dit un jour : «  Il faut pourtant venir au secours du confrère X… ! Il saisit sa bonne lame de Tolède, l’aiguise à neuf, et … éreinte à son tour son bon ami X…, auquel il passe la plume, et qui est censé se défendre lui-même dans l’Epître en question. Il n’y a pas moins de 244 alexandrins. Le docteur X… (lisez le Docteur Barbette) y vante ainsi les avantages et lesmerveilles de l’école spirite :

…. Dans cette grande école,
Qui prend le merveilleux pour unique boussole,
Et qui sait en tirer ces utiles profits,
Que ne dédaignent pas les clairvoyants esprits,
Tout gît, je te l’ai dit, dans l’art du magnétisme,
Qu’est venu féconder le divin spiritisme.
A l’aide d’un sujet qu’endort sa volonté,
Le magnétisme peut rendre à tous la santé ;
Il peut guérir l’anthrax, la goutte et les foulures,
Indiquer des onguents pour toutes les brûlures,
Endormir les douleurs, chasser le choléra,
Prévenir le typhus, la peste, et cætera,
Enseigner aux époux des procédés faciles
Pour avoir à leur choix des garçons ou des filles,
Faire entendre les sourds, parler tous les muets,
Et changer les vieillards en jeune muguets.

...............................................................

Le divin spiritisme aspire à d’autres fins ;
Sa pensée est plus haute, ses désirs sont moins vains :
Le corps n’étant pour lui qu’une vile matière,
Il le voit sans regrets redevenir poussière ;
Car il ne comprend pas, s’il est usé, perclus,
Qu’on veuille le garder quelques instants de plus.
Il préfère annoncer ces célestes programmes
Qui nous montrent partout la présence des âmes.
Suivant ce dogme saint, elles quittent le ciel
Au gré d’un medium et sur son simple appel,
Suivant ce dogme saint, elles quittent le ciel
Au gré d’un medium et sur son simple appel,
Pour répandre sur nous, seconde Providence,
Les trésors infinis de leur expérience.
Tantôt c’est un savant, Descartes ou Newton,
Dont l’esprit évoqué prend congé de Pluton
Pour nous donner la clef de ces profonds systèmes
Qui sont pour nous, vivants, d’insolubles problèmes.
Tantôt de Montgolfier c’est l’esprit inventeur
Qui vient nous raconter avec quel grand bonheur
Il put, lorsqu’il quitta notre triste planète,
Monter jusqu’au ciel sans ballon ni lunette.
Tantôt c’est Salomon, que la grâce éclaira,
Et que tout Israël autrefois admira,
Qui veut, dans sa bonté, que sa voix nous dévoile
Ce que les vieux récits ont laissé sous le voile :
Il vient nous affirmer que l’on ne pèche pas
En se livrant parfois à de tendres ébats,
Et qu’il a pu souvent, sans cesser d’être sage,
De l’amour inconstant écouter le langage.
Bien qu’il fût, en effet, gendre d’un Pharaon,
Il épousa, dit-on, sept cents filles d’Ammon,
Sans compter que Saba lui donna cette reine
Dont il porta longtemps la séduisante chaîne.

Docteur Achille Chereau. Le Parnasse médical français
Dictionnaire des médecins poètes de la France : anciens ou modernes, morts ou vivants.
Adrien Delahaye, libraire-éditeur. 1874


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