Auto sacramentaux

Drame pieux espagnol

Nom donné, dans le théâtre espagnol, à des drames pieux composés pour être représentés en certains temps de l’année, principalement le jour du Saint-Sacrement. Voici l’un de ceux qui étaient le plus fréquemment représentés en Espagne ; il est de Calderon,  et a pour titre : l’Auto-Sacramental de las plantas. Les acteurs sont : l’Epine, le Mûrier, le Cèdre, l’Amandier, le Chêne, l’Olivier, l’Epi, la Vigne et le Laurier. Deux anges entrent en scène, et adressant la parole à toutes ces plantes, leur déclarent qu’une d’entre elles doit produire un fruit doux et admirable, ils les invitent à un combat divin, pour mériter une couronne que l’in de ces anges tient à la main, et qu’il va déposer d’un côté du théâtre. Ils leur donnent la faculté de parler, et ils s’en vont. Les arbres parlent et sont dans l’admiration. Le Cèdre arrive avec un bâton à la main, en forme de croix. Tous les autres interlocuteurs sont aussi surpris de le voir, que s’ils ne l’eussent jamais vu. Il fait un long discours allégorique sur la création du monde, de l’homme, des animaux et des végétaux ; il leur dit que, puisque les animaux qui habitent la mer, la terre et les airs, connaissent un roi, les arbres en doivent avoir un aussi, il ajoute qu’il ne se vante point de mériter cette prééminence, mais qu’il sera le juge de celui qui le méritera, et il sort. Les plantes, qui restent sur la scène, sont choquées qu’un arbre étranger s’arroge le droit d’être leur arbitre ; elles font valoir les attributs que les hommes leur accordent, et par lesquels chacune prétend l’emporter sur les autres. Dans une scène qui suit, le Cèdre propose à chaque plante de présenter un placet, et de détruire leurs titres ; ce qui s’exécute. Ensuite il reparaît, tenant devant lui une croix, dont les bras sont entrelacés de feuilles de cèdre, de cyprès et de palmier.

Les plantes se partagent pour et contre la prétendue violence que le cèdre leur fait, en se nommant leur arbitre. L’épine éclate de colère, lui demande qui il est, et sur ce qu’il refuse même de dire son nom, elle s’irrite et dit qu’elle suffira pour arracher et détruire un arbre qui n’est point connu dans le pays, et qui veut les tyranniser. Elle s’approche de lui et l’embrasse : le Cèdre s’écrie qu’elle lui déchire le corps. En cet instant, on voir du sang sortir de la croix : toutes les plantes fuient à son aspect, elle fait une grande lamentation. La croix paraît en l’air. Quelques-unes des plantes demandent au Cèdre de déclarer celle qui mérite la couronne ; le Cèdre dit que c’est l’humanité qu’il l’obtiendra, et il nomme l’Epi et la Vigne. La pièce finit ainsi par une pensée qui a rapport au mystère de l’Eucharistie, condition essentielle aux auto-sacramentaux. Ces sortes de drames étaient précédées d’un prologue, auquel on donnait l’épithète de Sacramental, et on y ajoutait un titre qui semblait n’avoir jamais de rapport à la Fête-Dieu qui en était pourtant le seul objet, par exemple le prologue sacramental du Fou. Au commencement de ce prologue, on entend dans la coulisse des gens qui crient : « Prenez garde au fou qui s’est échappé ! Courons, courons après ! » Le fou paraît ensuite, disant à ceux qui crient après lui de ne point s’inquiéter, qu’il n’est pas ce qu’il était auparavant ; que le plaisir d’être témoin de la fête l’a fait sortir, et en moins de deux cents petits vers ; il fait l’énumération de tous les prodiges de l’Ancien Testament et des mystères du Nouveau. Il en est de même du Prologue sacramental du Paysan, des Equivoques, etc., qui promettent par leur début tout le contraire de ce qui se trouve à la fin.

Encyclopédie de l'art dramatique / par C.-M.-Edmond Béquet - 1886

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