Art Khmer

L’art Khmer est, pour ainsi dire, une branche de l’art hindou

Art KhmerL’art Khmer est, pour ainsi dire, une branche de l’art hindou qui s’est développée à une époque que nous ignorons dans la partie méridionale de l’Indo-Chine nommée Cambodge. Ce pays renferme des monuments imposants par leurs dimensions, par la finesse de leur sculpture et de leur décoration ; ce sont les témoins vivants, quoique bien mutilés, d’une civilisation très avancée, mais aujourd’hui disparue. La statuaire chez les Khmers était fort remarquable ; les représentations le plus souvent reproduites sont celles de Prèa-Put (Boudha), de Brahma, de Siva, qui forment ensemble la trimourty, ou trinité indoue. Ces œuvres sont sculptées dans le grès ou coulées en cuivre rouge et dorées ; souvent même les statues faites avec des pierres tendres sont recouvertes d’un vernis noir et épais, que les Cambodgiens modernes emploient encore et qu’ils nomment mereack. Ce vernis protégeait beaucoup les finesses de la sculpture pour les statues en plein air ; du reste, il était bien souvent lui-même recouvert d’or. La sculpture des Khmers présente des types étranges, parfois bizarres quand elle reproduit des animaux. Le sculpteur Khmer a excellé dans ce genre ; rien de terrible comme ses éléphants, ses lions sans crinière, mais chargés de bracelets et de bijoux ; rien de fantastique comme les nagas ou serpents, les garudas ou figures humaines à tête et à pattes d’oiseau, comme les yalis, ces animaux fabuleux participant à la fois du lion et du dragon.
Quand le sculpteur khmer modèle, au contraire, la figure humaine, nous nous trouvons en face d’une beauté surnaturelle et pour ainsi dire idéale.
Les bas-reliefs nous montrent des figures souples et alertes, couvertes d’une riche ornementation d’un goût parfait et d’une puissante coloration. Les têtes des dieux du Cambodge ont une grande finesse d’expression ; ce qui caractérise les divinités, c’est leur attitude calme ; elles sont généralement immobiles, pensives et accroupies, et surchargées de bijoux avec une profusion inouïe, profusion qui rappelle l’exubérante végétation du climat sous lequel habitent ces dieux.

Les parties faibles de la statuaire sont les extrémités ; les pieds et les mains, les emmanchements des poignets et des chevilles laissent beaucoup à désirer ; ensuite la perspective, toute de convention, ignore les plans et évite les raccourcis.

Sculpture KhmerMais si un peuple a su employer avec science la sculpture décorative, c’est bien le Khmer ; en effet, tous les entablements et les frontons qui surmontent les portes, toutes les balustrades de ponts, toutes les hautes tours qui se dressent au-dessus des temples tout cela est couvert d’ornements, et, fait digne d’attirer l’attention, si le sculpteur ignore les plans et fuit les raccourcis, comme nous venons de le voir, l’ornemaniste recherche la difficulté ; certaines frises semblent avoir été ajourées à plaisir : ce sont de véritables claires-voies (clerestories), bien autrement remarquables, comme tour de force et exécution, que celles pourtant si magnifiques qu’on retrouve dans nos monuments du moyen âge de la belle époque des XIII° et XIV° siècles.

La révélation de l’art khmer est un fait très considérable ; c’est avec raison que Fergusson  (History of architecture in all countries), que la découverte des villes ruinées du Cambodge est sans contredit un fait aussi important, pour l’histoire de l’art en Orient, que les fouilles qui nous ont fait connaître les cités enfouies dans le sol de l’Assyrie.

Art Khmer musée

Notre figure montrent divers spécimens de sculptures en ronde bosse, telles qu’elles se trouvaient exposées dans la galerie du rez-de-chaussée du musée de Compiègne. Ces monuments sont aujourd’hui exposés au musée du Trocadéro, à Paris.

Dictionnaire de l’art, de la curiosité et du bibelot
Ernest Bosc, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1883


 

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