Art Egyptien

Art égyotien, peinture, sculpture, architecture

Art pratiqué par les anciens habitants de l’Egypte. Nous ne dirons ici que quelques mots de la peinture, de la sculpture et de l’architecture.
Si les habitants de l’ancienne Egypte ne furent pas de grands peintres, ils furent jusqu’à un certain point coloristes ; ils possédèrent des préparations colorantes d’une solidité à toute épreuve, car après plus de quatre mille ans on a trouvé dans leurs hypogées des peintures aussi brillantes et aussi fraîches que le jour où elles avaient été exécutées. Dans ce pays, chaque classe de citoyens avait, pour ainsi dire, ses travaux spéciaux ; c’était aux prêtres qu’était réservée la charge de peintres ; nous avons appris par Clément d’Alexandrie que l’écrivain peintre se nommait hiérogrammatiste et qu’il occupait le troisième rang.
Les bas-reliefs égyptiens sont couverts plutôt d’une coloration que d’une peinture véritable. Cette sorte d’enluminure était surtout nécessaire pour la lecture des hiéroglyphes, qui, souvent placés à de très grandes hauteurs, n’auraient pu être lus, si un ton franc et tranché n’eût pas déterminé nettement le peu de saillie des formes et des personnages. Dans bien des cas cependant la peinture était purement décorative : dans la coloration des chapiteaux, par exemple, et dans les plafonds, qui, représentant toujours le ciel, étaient invariablement peints en bleu, avec un semis d’étoiles blanches ou de figures astronomiques de même couleur. Dans les statues de pierre calcaire, dans les tombeaux, de même que dans les coffres ou étuis de momies, la peinture était aussi purement décorative. Les statues granitiques n’étaient peintes que dans certaines parties, telles que les yeux, les cheveux, les ornements du vêtement et les bijoux.

En ce qui concerne la sculpture égyptienne, nous pouvons dire que son emploi dans les monuments est très curieux ; elle couvrait en effet des parois entières des édifices.
Ces sortes de bas-reliefs ou de gravures contenaient une véritable histoire nationale gravée en signes hiéroglyphiques, et, fait curieux à noter, chaque partie du monument présentait, pour ainsi dire, un chapitre distinct de cette histoire : par exemple, sur les pylônes et les murs d’enceinte des palais et des temples, les Egyptiens ne gravaient que les faits mémorables de l’histoire nationale, et tout ce qui se rattachait aux travaux des champs et aux progrès de l’agriculture ; sur les murs des temples au contraire, on ne lisait que des pages sur la religion, et sur les parois des sanctuaires et sur celles de la maison des prêtres on ne gravait que les mystères de la mythologie égyptienne. Un caractère constant de la sculpture égyptienne ; c’est la reproduction toujours identique des mêmes types de figures humaines, divines et chimériques ; toujours elles sont présentées dans les mêmes emblèmes, les mêmes symboles. Les statues des dieux, des déesses, des rois, des reines et des prêtres, les sphinx, les lions et les béliers ont constamment la même attitude, et cette invariabilité dans les types se conserve même après la conquête.
Notre figure 355 montre une sculpture égyptienne en or du musée du Louvre ; elle représente Horus, Osiris et Isis. Horus et Isis sont debout, ils étendent la main en signe de protection vers Osiris, qui est accroupi sur un dé en lapis-lazuli sur lequel on lit les cartouches d’Osorkon II, roi de la vingt-deuxième dynastie. Ce prince avait le titre de prophète d’Ammon, comme le fait, du reste, pressentir Osiris dans un petit discours qu’il est censé lui adresser, discours inscrit sur la partie inférieure du socle et qui est ainsi conçu : « Discours d’Osiris Ounnowré (l’Être bon) : Je t’accorde toute puissance et toute victoire. Je t’accorde les années du dieu Atoum (nom du soleil couchant) ainsi qu’au Soleil ; ô roi de la haute et basse Egypte, maître des deux pays, Soleil, force et vérité, élu d’Ammon, fils du Soleil, seigneur des levers Ousorkon, aimé d’Ammon ! »

En ce qui concerne l’architecture, on reconnaît aujourd’hui qu’aucun peuple n’a laissé des monuments qui par leurs proportions imposantes puissent rivaliser avec ceux de l’Egypte. Quand on considère ces grands et beaux monuments, on est très surpris de voir qu’un peuple qui possédait d’aussi puissants moyens et d’aussi grandes ressources pour bâtir des palais et des temples, des hypogées et des pyramides, n’ait laissé, pour ainsi dire, aucune trace de constructions privées. La raison en est cependant bien simple, nous la trouvons dans l’organisation même de la civilisation égyptienne. EN effet, dans ce pays, malgré les subdivisions de la population en castes, il n’en existait en réalité que deux : la caste des rois et des prêtres, et la plèbe ; ce qui, dans notre langage moderne, pourrait se traduire par l’aristocratie et le peuple. Or la classe élevée, composée d’un petit nombre d’individus relativement à la masse du peuple, ne pouvait maintenir sa domination et assurer sa propre sécurité qu’en inspirant au peuple un souverain mépris pour cette vie éphémère qui n’était jusqu’à la mort que le prélude de la vie éternelle. Aussi les Egyptiens, ne considérant leurs maisons que comme des demeures passagères, des meubles, pour ainsi dire, les construisaient-ils en matériaux légers et de peu de durée, en joncs, en roseaux, en terre glaise, tandis que leurs tombeaux, leurs habitations éternelles, étaient faits avec les matériaux les plus durs, les plus solides, les plus durables. C’est cette idée religieuse qui a présidé à la création des deux types si différents d’architecture : l’un, celui consacré au culte et à la mort, est d’une solidité à toute épreuve, et l’autre, celui de la vie terrestre, représente le type de la plus extrême fragilité.

Dictionnaire de l’art, de la curiosité et du bibelot
Ernest Bosc, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1883


 

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