Art de la sculpture

Art qui a pour objet l’exécution en forme saillante ou creuse d’une figure, d’un ornement quelconque.

Ce terme est dérivé du latin sculptura, dérivé lui-même de sculpere, graver, tailler au ciseau, en effet, l’artiste sculpteur taille avec son ciseau des formes, des images, des ornements dans des matières diverses, bois, ivoire, pierre, marbre, etc. On peut créer des produits de la sculpture soit en modelant de l’argile, soit en coulant des modèles en métal. Quand la sculpture représente des figures animées, on la nomme statuaire, quand elle représente des ornements, des rinceaux de feuillages, des guirlandes de fleurs et de fruits, on la nomme sculpture d’ornement ; enfin, quand elle grave en creux ou en saillie des pierres fines, des gemmes, on la nomme Glyptique.

Au point de vue de la technique, on divise cet art en modelage et en ciselure ; cette dernière comporte tous les genres, car on peut ciseler le bois, la piette, le métal.

Avant de sculpter une œuvre, quand le modèle est terminé, le sculpteur en opère le Moulage ; on moule également d’après nature, par exemple pour faire les bustes ou les médaillons des mortes. L’image montre un moulage du Tasse, exécuté d’après nature, après la mort de l’illustre écrivain italien.
C’est à tort que bien des auteurs ont voulu donner à l’art de sculpter, de ciseler le métal, le nom de Toreutique ; cet art, bien que se rapprochant de la sculpture par certains côtés, est tout à fait différent de celle-ci.
Enfin on peut pratiquer divers genres de sculpture : la Ronde Bosse ou haut relief, le Bas-Relief. L’autre figure montre une sculpture moderne représentant le Génie des arts ; c’est l’œuvre de M. Mercié, l’auteur de grand talent de Gloria victis ; elle se trouve placée dans l’arcade qui domine les nouveaux guichets du Louvre du côté de la Seine. La planche ci-contre donne une fidèle reproduction de la statue de Louis XIII, en argent, due au ciseau du sculpteur Rude, qui l’a exécutée en 1841 pour le duc de Luynes. Louis XIII est représenté à l’âge de quinze ans ; il est botté, éperonné, la cravache à la main, prêt à monter à cheval pour aller à la chasse. L’attitude est fière et hautaine ; le visage du jeune roi ressemble beaucoup dans cette statue à la figure de sa mère, Marie de Médicis. Les frais de fonte, sans compter le métal, s’élevèrent pour cette œuvre à 12,000 francs, et le travail du sculpteur lui fut payé 10,000 fr. Cette statue, que nous avons vue à l’exposition organisée en 1874, au profit des Alsaciens-Lorrains, à la Chambre des députés, est une des meilleures œuvres de Rude.

Notre planche ci-contre montre une sculpture remarquable de la renaissance française due au ciseau de Jean Goujon ; nous l’avons dessinée d’après une photographie. Cette planche, tirée de notre Dictionnaire d’architecture, montre deux figures de la fontaine des Innocents, à Paris.
Comme pour la peinture, il n’est pas possible de donner des prix pour les ouvrages sculptés ; car tant de causes peuvent apporter des variations de prix, qu’il n’est pas possible d’établir une sorte de cours moyen. L’œuvre représentée, la matière employée, le sculpteur qui l’a produite, sont autant de causes de variations.

Les panneaux sculptés sur bois atteignent, après les bas-reliefs en marbre des XV° et XVI° siècles fait en Italie, des prix assez élevés. Ainsi, à la vente San Donato, le n°363, un panneau de 0,60 de hauteur sur 0,42 m de largeur, a été adjugé à 1,900 lires. Ce panneau de bois, sculpté en haut relief, teinté, rehaussé d’or et se détachant sur fond d’or, représentait une Madone assise sur un trône avec l’enfant Jésus sur ses genoux ; elle était couronnée par deux anges voltigeant de droite et de gauche et suspendant d’une main la couronne au-dessus de sa tête. C’était un travail siennois du commencement du XVI° siècle.

Dictionnaire de l’art, de la curiosité et du bibelot. Ernest Bosc,  Paris Librairie Firmin-Didot, 1883