Art de la Damasquinerie

Art de graver sur métaux

Cet art consiste à graver toute sorte de métaux, mais principalement d’acier, pour y pratiquer des incrustations d’argent et d’or et former ainsi une riche ornementation sur les objets damasquinés.

Historique
Les anciens connaissaient cet art ; les Grecs le nommaient X et les Romains ferruminatio. Glaucus de Chio passait pour l’inventeur de cet art, que les peuples d’Orient, principalement les habitants de Damas, ont porté si haut. A Rome, les portes de Saint-Paul hors les murs en bronze damasquiné furent exécutées vers la fin du XI° siècle à Constantinople. Au XV° siècle, l’Italie cultiva avec autant de talent que de succès la damasquinerie ; c’est à cette époque qu’on cisela ces magnifiques armures qui frappent d’admiration les plus fins connaisseurs ; c’est alors qu’on couvrit de riches arabesques et de superbes rinceaux les boucliers, les cuirasses, les épées, leurs poignées et leurs fourreaux. Venise et Milan rivalisèrent au XVI° siècle dans cet art ; c’était à qui ferait les plus belles damasquineries.
Le premier des artistes vénitiens est Paolo Azzimino ; il avait des procédés si remarquables que les plus beaux travaux de la cité vénitienne étaient désignés par cette épithète flatteuse : « C’est un travail d’Azzimino » (lavoro all’Azzimina). Milan posséda une pléiade d’artistes : Giovanni Pietro Figino, Carlo Sovico, B. Piatti, F. Bellino, Negroli, Romero, et d’autres encore.
Quelques ouvriers italiens vinrent en France au XVI° siècle et y importèrent leur art. Henri II, qui avait une affection particulière pour les belles armures, logeait dans son palais même les frères César et Baptiste Gamberti.

Technique
La première opération de la damasquinerie consiste à polir l’acier, à le passer au feu pour le bleuir, puis à le couvrir d’une sorte de cire qu’on noircit à la flamme d’une chandelle. On trace le dessin, sur cette sorte de vernis avec une pointe obtuse de façon à merdre, à érailler le métal. Le dessin terminé, on fait mordre à l’acide un temps plus ou moins long, suivant la profondeur des tailles qu’on veut obtenir. On procède alors au nettoyage, c’est-à-dire à l’enlèvement du vernis ; il ne reste plus qu’à placer dans le dessin les incrustations d’or ou d’argent. Plusieurs procédés peuvent être employés pour atteindre ce dernier résultat. Souvent on rentre les tailles, c’est-à-dire qu’à l’aide d’un burin on les approfondit ; ce travail terminé, on place les incrustations et avec la frappe du marteau on termine l’opération. On polit à nouveau ; on lime, s’il y a lieu, et on trempe l’acier, par l’exemple sur le bronze, on se contente de champlever le dessin sur toute la surface du bronze ; puis on applique sur le fond de minces lames d’or ou d’argent qu’on fixe en rabattant par de petits coups de marteau les bords relevés du métal : les lames sont, pour ainsi dire, serties dans le bronze. Enfin, au moyen de burins et de ciseaux, on modèle les figures et les dessins sur les lames d’or ou d’argent.

Dictionnaire de l’art, de la curiosité et du bibelot
Ernest Bosc, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1883


 

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